De gauche à droite : Jeanne Bécart vice-présidente chargée de la Culture, Georges Siffredi, Pierre-Christophe Baguet, maire de Boulogne, Sophie Devedjian et l’architecte Sebastien Yeou.
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ALBERT-KAHN, UN NOUVEAU MUSÉE POUR « PARTAGER LE MONDE »

À Boulogne-Billancourt, le musée départemental a ouvert le 2 avril. Le bâtiment signé Kengo Kuma et la restauration du site doivent permettre de mieux valoriser auprès du grand public une collection exceptionnelle, témoignage d’un monde disparu.

Si de l’extérieur, la façade striée signée Kengo Kuma semble de papier, l’intérieur est plutôt un livre d’images. Un mur entier d’autochromes, première technique de photographie couleur, se dresse devant le visiteur. Côté sud, la façade s’ouvre sur les jardins selon le principe de l’engawa japonais, entre intérieur et extérieur. « Une architecture naturelle » selon Sébastien Yéou, représentant de l’architecte, qui repose sur « la relation heureuse entre le bâtiment et son environnement ». Sept bâtiments patrimoniaux ont par ailleurs été restaurés et un auditorium créé dans l’ancienne galerie. « Cela fait six ans que nous attendions l’ouverture de cet équipement majeur. Par ses jardins fabuleux, son bâtiment principal exceptionnel et ses dépendances restaurées, il s’élève à la hauteur de l’homme qu’il entend honorer », souligne le président du Département, Georges Siffredi. Au service du dialogue des cultures, le double patrimoine laissé par le banquier philanthrope Albert Kahn (1860-1940) forme le socle des collections : un jardin à scènes paysagères d’une part et un fonds exceptionnel de 72 000 autochromes et d’une centaine d’heures de films, d’autre part, récoltés aux quatre coins de la planète.

Entre images et jardins

Ce nouvel écrin offre de meilleures conditions à ces images très fragiles et les valorise dans une présentation immersive et interactive. « Le projet d’Albert Kahn est non seulement matériel mais aussi philosophique : l’ambition est de le donner à voir de manière globale », rappelle la directrice du musée, Nathalie Doury. Dans le nouveau bâtiment, point de départ d’un circuit de 1 000 m2 entre images et jardins, le visiteur fait la connaissance d’Albert Kahn et se familiarise avec son dessein de consignation du réel : Les Archives de la Planète. Au cœur de la Fabrique des images, les secrets des opérateurs sont mis en scène dans de grandes malles tandis qu’à la Salle des Plaques, immense bibliothèque d’autochromes, une cabine de projection diffuse les actualités du début du XXe siècle. L’art horticole, dont le domaine de quatre hectares est à lui seul un exemple magistral, est à l’honneur dans la Grange vosgienne. Enfin la Grande Serre explore la philosophie du vivant du maître des lieux et la façon dont la société de l’époque appréhendait ce jardin à scène.

Culture pour tous

Le musée dont la capacité d’accueil a été multipliée par cinq entre à présent dans le XXIe siècle. « D’un lieu intimiste nous avons voulu aller vers un musée qui s’adresse au plus grand nombre, explique Georges Siffredi. Il occupe une place de choix dans la Vallée de la Culture, qui fait de la culture sous toutes ses formes et pour tous les publics, l’un des principaux vecteurs de notre rayonnement. » Adossé à une riche programmation – ateliers, conférences, visites… – ce lieu d’éducation à l’image et par l’image ira au-devant des différents publics – en particulier des jeunes qui bénéficieront de la gratuité jusqu’à 26 ans. Le projet est de replacer ce fonds dans son contexte historique en jouant sur ses résonances contemporaines. À l’étage du nouveau bâtiment, l’exposition inaugurale « Autour du monde. La traversée des images, d’Albert Kahn à Curiosity », exploration des représentations du voyage du début du XXe siècle à nos jours, témoigne d’ores et déjà de cette ambition.

Pauline Vinatier
albert-kahn.hauts-de-seine.fr 

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