En partenariat avec le Département, un rallye a entraîné deux cents élèves alto-séquanais dans un parcours pédestre avec, à la clef, une sensibilisation aux métiers de la défense et à la mémoire de la nation.
À la faveur d’une minute de silence et, plus encore, de la sonnerie aux morts, toujours déchirante, les collégiens font l’apprentissage du recueillement autour de la « dalle sacrée ». Celle-là même qui abrite le Soldat inconnu, porteuse de l’épitaphe : « Ici, repose un soldat français mort pour la Patrie, 1914-1918 ». « Tous mes élèves se sont portés volontaires, raconte Clémence Grosjean, principale d’un des collèges participants (Henri-Dunant à Rueil-Malmaison). Cette cérémonie du souvenir leur offre une approche concrète du programme d’histoire et une expérience salutaire du devoir de mémoire. » Le ravivage de la « Flamme éternelle », qui brûle sous l’Arc de Triomphe depuis plus d’un siècle, obéit chaque soir à cette invariable trame. Celle des dépôts de gerbes, des coups de clairon et de ce feu, attisé à la pointe du fleuret… Les deux cents élèves, qui goûtent ce privilège, apprendront au passage que la dépouille est bien celle d’un Français, soldat tombé au champ d’honneur et préféré à sept de ses congénères ; les cercueils, rapatriés en 1921 à la citadelle de Verdun, lieu de désignation, symbolisaient les zones de combats les plus meurtriers – Somme, Chemin-des-Dames, Flandres, Île-de-France…
Entre sport et mémoire
« Ces connaissances, qui me semblaient lointaines en cours, prennent ici une autre résonance », confie Sara, élève de 3e. « C’est important de se souvenir de ceux qui ont donné leur vie pour rendre la nôtre possible », estime Widyan, Rueilloise elle-aussi. À l’initiative de la Délégation militaire des Hauts-de-Seine et en partenariat avec le Département, cet instant, solennel, sert d’entrée en matière à la 13e édition du Rallye citoyen, qui s’est tenu en avril. Une fois n’est pas coutume, le Mont-Valérien, qui abrite le 8e Régiment des transmissions de l’armée de terre, en est le théâtre sous le signe des « Hauts-de-Seine, terre de sports et de mémoire ». Au-delà de sa tonalité olympique, « cette action entre en résonance avec la politique départementale en faveur de la jeunesse, souligne Rosemary Chevalier, du pôle Jeunesse et Sports au Département. En effet, les valeurs citoyennes constituent un axe fort pour valoriser la notion d’engagement auprès des jeunes Alto-Séquanais. » Secourisme, épreuves physiques, sécurité routière, visites mémorielles… Le parcours, au pied mais aussi dans la forteresse, s’émaille d’activités variées dont une sensibilisation au parasport par le Département. L’esprit de compétition n’est pas étranger à l’engouement des vingt équipes en lice, qui glanent tout du long des points pour progresser au classement.
L’esprit de compétition n’est pas étranger à l’engouement des vingt équipes en lice
Double champion olympique
À l’Est, à flanc de coteau, le cimetière américain en impose d’emblée aux collégiens. Là, 1 565 sépultures sont marquées d’une croix latine ou d’une étoile de David. « C’est impressionnant ! Rien à voir avec nos cimetières français… », dit Clémentine, du collège Paul-Landowski. À une question qui taraude son ami Mathéis, la guide réplique : « Dans ce cimetière d’hôpital, sont bel et bien enterrées des femmes, vingt-deux au total. » Des infirmières de la Croix Rouge, pour la plupart. Du côté des soldats, entre les « plots » réservés à la Première Guerre mondiale, reposent « dans la gloire » vingt-quatre marines, navy ou pilotes tués entre 1944 et 1945. Faute de place, aucun vétéran ne les côtoie, à l’exception notable de Mickael Kelly, double champion olympique de tir. « Ce soldat belge naturalisé américain, qui a dignement représenté son pays aux Jeux d’Anvers en 1920, entrera ici vingt-trois ans après la fin du conflit ! » Muni de son questionnaire, Mathéis coche soigneusement les cases correspondant à chaque précieux lâcher d’indices. Puis, son groupe continue sa route sur le stand des Archives départementales, qui fait face au Mémorial de la France Combattante, que les collégiens visitent également grâce au « parcours mémoriel » du Département (voir notre édition n°94).
Un vol découverte
Un passage en revue des liens noués entre sport et armée réserve son lot de surprises, comme ce cliché unique, symbole de fraternité, attestant d’un match de rugby au stade de Colombes entre militaires français et homologues anglais. Ça, et le premier haka filmé de l’histoire, ironiquement accompagné d’une musique de cabaret. « Mais ce n’est pas le haka, c’est une valse ! », plaisanteront les collégiens. Qu’ils s’agissent d’épreuves sprintées, lestées ou d’habileté, les défis physiques s’enchaînent sur le parcours du combattant, placé sous la baguette d’instructeurs militaires. Plébiscité, le casse-tête de la fosse impose de monter une coalition pour s’en extirper. « Une réelle découverte ! s’enthousiasme Clémentine, 15 ans. Jusque-là, l’armée m’évoquait surtout la performance individuelle ». « J’ignorais qu’on pouvait s’engager dès 17 ans », confie pour sa part Solveig, qui pourrait embrasser la carrière. Symbole de son ouverture aux établissements privés, la fine équipe emmenée par Amblard, Gaspard et Olympe du collège Saint-Dominique de Neuilly a remporté le premier prix du jury. Avec, en récompense, un vol découverte au départ de l’aérodrome de Chavenay dans les Yvelines. Un autre genre de rallye pour, qui sait, de la graine de pilotes en devenir…
Nicolas Gomont