Posté dans Jeunesse

LES ATHLÈTES, VISAGE EXEMPLAIRES DU SPORT SCOLAIRE

Protégés d’une cuirasse brodée de cibles, les collégiens s’exercent à mener des frappes chirurgicales. Photos : CD92/Willy Labre

Grâce au dispositif départemental « Des Champions dans ton collège », des sportifs s’engagent auprès des collèges du territoire, pour assurer des actions éducatives et de transmission auprès de la jeune génération.

L’échange de saluts, en forme de révérences, augure un duel imminent. Julien Mertine, champion de France de fleuret et médaillé d’or par équipe aux Jeux de Tokyo, s’apprête à croiser le fer avec un des espoirs de l’escrime française. Rafaël Savin n’a que 22 ans, mais 17 à fourbir ses fers en salle d’armes. De quoi assurer une partie équilibrée, voire disputée… « En garde. Prêts ? Allez ! » D’une allonge du bras, le champion olympique tente d’arracher la première touche, avant que son adversaire ne fomente une riposte. Au fleuret, le point ne revient pas automatiquement à l’assaillant. Prime l’esprit d’initiative. Contrairement au sabre mais comme à l’épée, sa lame dépourvue de tranchant ne peut être maniée que pour porter l’estoc. Très réglementée, la discipline laisse peu de place aux acrobaties improvisées. Au pied de la piste, assis en tailleur, une trentaine d’élèves du Collège Henri-Dunant dessillent grand les yeux, pour ne pas manquer une miette de ces valses allègres. Cette année, le Département a offert à leur établissement de Rueil-Malmaison, comme trois autres collèges des Hauts-de-Seine, la chance – peut-être unique – de croiser et interpeller dans leur vie un champion olympique, en sollicitant sa participation au dispositif départemental « Des champions dans ton collège ».

Un match d’exhibition permet d’introduire les qualités de base du fleurettiste : sagacité, endurance et bonne détente…© CD92/Willy Labre

Nourrir l’esprit de compétition

« Cette opération, menée en collaboration avec le service départemental UNSS des Hauts-de-Seine, permet à de jeunes Alto-Séquanais, membres de l’association sportive des collèges, de profiter d’une triple expérience, explique Xavier Cantala, responsable d’unité Sport scolaire au Département. Tout commence par un match de démonstration, suivi d’un échange avec des athlètes de haut niveau, à propos de leur vie et de leur carrière ». Une initiation sportive, en lien avec les disciplines pratiquées par les Clubs des Hauts-de-Seine, partenaires du dispositif, vient clore le chapitre. Après le rugby, le basket et le handball, au tour de l’escrime et du club de Bourg-la-Reine (BLR 92) d’être mis en lumière à travers ce programme d’éducation par le sport. « En plus de leur transmettre des valeurs et l’esprit de compétition, cette manifestation leur permet de découvrir une activité, rarement pratiquée dans un environnement scolaire », souligne Clémence Grosjean, la principale du collège. Pour preuve, sur les 27 élèves présents, seule une poignée s’y est déjà essayée par le passé. Tous prêtent donc une oreille attentive aux commentaires de Geoffroy Labourier. En bord de piste, le maître d’armes de BLR 92 apporte de précieuses clés de compréhension au néophyte, incapable de percer de lui-même toutes les subtilités de la discipline. « Il faut être drôlement fluide et rapide dans l’enchaînement des mouvements », commente Rauf, très emballé. « C’est un combat sportif, ils doivent être forts et en même temps agiles », enquille Abdelramane, un de ses camarades. L’enthousiasme est au rendez-vous. Après quelques minutes de valeureux échanges, l’expérience olympique l’emporte d’un cheveu sur la hardiesse de la jeunesse, d’un point d’écart. Entretenant une fausse rivalité, ce match d’exhibition valait seulement comme introduction.

Pour capter l’attention de son auditoire, Julien Mertine l’appâte du scintillement de sa médaille olympique.© CD92/Willy Labre

Un sport non-professionnel

« Il ne s’agissait pas d’écraser l’adversaire mais au contraire de faire durer le suspense, explique le champion de France des moins de 23 ans. Nous avons même dû appuyer sur le frein, jouer à seulement 30 % ou 40 % de notre vitesse d’exécution normale. Sinon, il aurait été improbable qu’à leur âge, les jeunes aient le temps d’apercevoir quoi que ce soit… ». La démonstration terminée, ces deux fines lames de l’escrime française – pentionnaires de l’Insep aux côtés des dix autres meilleurs fleurettistes français – multiplient les interactions avec les participants. Objectif : fournir un panorama circonstancié du parcours, des joies et petits sacrifices d’un athlète de haut niveau. Voyageur – huit épreuves de Coupe  du Monde se déroulent chaque saison aux quatre coins de la planète – amateur non rémunéré devant travailler à côté mais capable de pratiquer en loisir jusqu’à 70, voire 80 printemps… l’escrimeur a de quoi alimenter les commentaires des enfants. Après avoir brossé leur portrait, place à la pratique. L’escouade des petits d’Artagnan commence par la maîtrise des déplacements. « Le jeu de jambes est absolument capital, pour trouver sa distance d’attaque, explique le maître d’armes. Ils vont ensuite tenter de mettre en application l’exercice de la fente dans un match et apprendre à se défendre avec l’arme ». Sous l’œil protecteur de l’entraîneur, tous se voient enjoindre de porter le masque tant qu’un de leur fleuret – bien qu’en plastique souple – s’élève encore dans les airs. Même transformé en étuve, c’est une question de sécurité. « Il fait quand même bien chaud là-dessous, préfère en rire Selim, 11 ans, les cheveux trempés de s’être dépensé. J’aime vraiment bien faire de l’escrime et pourquoi pas m’inscrire dans un club l’an prochain. En attendant, je vais commencer par compter les points… » 

Nicolas Gomont
hauts-de-seine.fr 

 
 
 

Les commentaires sont fermés.