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LES MÉTIERS DU GRAND ÂGE EN QUÊTE DE VOCATION

Les « pôles d’orientation » organisés par l’agence AutonomY allient découverte du secteur, bilan de compétences et amorce d’un parcours d’insertion. CD92/Julia Brechler

Le Département entend répondre au souhait des Alto-Séquanais de vieillir chez eux. Afin d’amorcer ce « virage domiciliaire », l’agence interdépartementale AutonomY agit pour renforcer, auprès des personnes les plus éloignées de l’emploi, l’attractivité du secteur du « prendre-soin ».

L’une d’entre elles, en lisant le texte à voix haute, soumet à la sagacité du groupe ce cas d’école : « Vous arrivez à 8 h du matin chez madame. N, âgée de 75 ans. Vous devez préparer le petit déjeuner et l’aider à faire sa toilette. Comment vous organisez-vous ? » L’énoncé le montre, « cette dame est encore indépendante et autonome, remarque Isabelle Navarro, d’InRH Formation, animatrice de ce « pôle d’orientation » à Nanterre pour le compte d’AutonomY. Le plus important va être de sécuriser la toilette. » Que la fragilité soit le fait de l’âge, des pathologies ou du handicap, le maintien de l’autonomie doit être la priorité. « Il faut aider plutôt que faire “à la place de”, pour les stimuler. Beaucoup ont de ce métier l’image d’une dame de compagnie, alors que chaque geste compte. » Mme N. ayant « toute sa tête », les stagiaires s’accordent à la laisser s’organiser à sa guise – question de « respect ». Tandis que les unes ont appris sur le tas, comme Soudougou, les autres sont novices, comme Yuan, en reconversion, ou comme Lola, la vingtaine, dont l’expérience avec un public fragile se limite à la garde d’enfants. Ces mises en situation les plongent dans le bain et sont une bonne introduction aux entretiens d’entrée en formation.

Le projet, qui doit être adapté au profil de chacune, est affiné grâce à une série de tests.© CD92/Julia Brechler

Côté humain

Pour les convaincre de se lancer dans une telle aventure, il a fallu une première rencontre avec Naïma Bellouche, l’un des quatre délégués de l’agence sur le territoire, passée maître dans l’art de faire valoir ces métiers « parfois méconnus et qui souffrent d’image de pénibilité » auprès des candidats.  En particulier sur le plan humain : « Cela ne se résume pas à dispenser des soins. Il s’agit d’être dans une relation d’aide et d’accompagnement, d’avoir un rôle de prévention, d’être aux premières loges des difficultés du quotidien ». Les évolutions de carrière – « certaines ayant commencé comme assistante de vie pour devenir chef d’agence » – sont un autre argument. La déléguée va vers ce public par l’intermédiaire de permanences ou de réunions de terrain – Pôle emploi, services de solidarité territoriale, centres sociaux, missions locales – et fait le lien avec le tissu local d’employeurs et les organismes de formation. Le pôle d’orientation est l’option proposée à celles qui souhaitent bénéficier d’un tour d’horizon complet du secteur, de rencontres avec des professionnels et d’un bilan de compétence. « 99 % des participantes n’ont pas le bac en France, précise pour sa part Isabelle Navarro. Certaines sont diplômées dans leur pays d’origine mais sans possibilité d’équivalence. Cela peut être frustrant mais elles iront plus vite ensuite dans les apprentissages. » La présentation des formations qualifiantes –  auxiliaire de vie, assistante de vie aux familles (ADVF), aide soignante, plus rarement infirmière – met l’accent sur le dynamisme du secteur du maintien à domicile, ce que confirme Azmy Ahriz, responsable du « pôle métiers » d’AutonomY : « À ce jour il y a environ 1 700 postes vacants sur le territoire pour le seul métier d’assistante de vie aux familles, qui est absolument incontournable, et les employeurs doivent anticiper les départs à la retraite. » Par de multiples actions, l’agence interdépartementale, créée en 2021, entend répondre aux besoins des personnes âgées dont « la majeure partie souhaite vieillir chez elles » et amorcer de toute urgence le « virage domiciliaire » sur le territoire. « L’état actuel de la formation et du recrutement est loin d’être suffisant : on en arrive à des situations auxquelles les entreprises n’arrivent pas à répondre, poursuit Azmy Ahriz. Notre objectif est de trouver du personnel, de le former et de le présenter aux employeurs et en même temps, d’aider le personnel en poste à monter en compétence, dans un souci de fidélisation. » L’accompagnement à la validation des acquis par l’expérience et le conseil en évolution professionnelle s’inscrivent dans ce dernier volet tandis qu’un « cabinet de recrutement » ad hoc est proposé aux employeurs.

Zone de confort

Les pôles d’orientation, au rythme de deux par mois depuis cette rentrée, se veulent un sas d’entrée vers le parcours d’insertion dédié construit par l’agence, avec pour objectif de faire émerger un projet « réaliste et réalisable ». Un test permet ainsi à chaque stagiaire de cerner ses « zones de confort et d’inconfort » : ainsi, si l’une voudra prioritairement voir son travail reconnu, une autre souhaitera d’abord conserver du temps pour ses enfants et une troisième plutôt valoriser l’ambiance de travail. Les « prérequis » en français, maths, biologie, font l’objet d’une évaluation… « Quel que soit le résultat, elles ont toujours des qualités qui pourront être valorisées et elles pourront se former par la suite », rassure la formatrice qui voit la confiance s’installer, les langues se délier et « les chenilles devenir de jolis papillons » au fil de la semaine. Par la suite, elles continueront d’être suivies par la déléguée territoriale jusqu’à six mois après l’embauche. Avant l’entrée en formation, celle-ci peut les diriger si besoin vers des modules de « préqualification » : français langue étrangère, savoirs de base, gestion des relations pour dépasser les problèmes d’interculturalité… S’agissant « de personnes parmi les plus éloignées de l’emploi », le tout, explique Naïma Bellouche, est d’enchaîner les étapes avec fluidité. L’orientation se fait ensuite en priorité vers des entreprises alto-séquanaises, juste « retour sur investissement » pour le territoire. 

Pauline Vinatier
www.agence-autonomy.fr 

 

Le salon E-tonomy Job dans les Hauts-de-Seine

C’est une première pour les Hauts-de-Seine : le salon E-tonomy Job investit, mardi 3 octobre, de 9 heures à 17 h, le pôle Léonard-de-Vinci à Courbevoie. Les jeunes, les bénéficiaires du RSA, les demandeurs d’emploi ou les personnes en reconversion pourront y découvrir les métiers et les formations du soin et de l’accompagnement et/ou décrocher un emploi ou un stage : ADVF, accompagnant éducatif et social, aide soignant, infirmier, éducateur spécialisé, care manager, agent de service hospitalier, moniteur-éducateur mais aussi assistante maternelle ou familiale… Des conférences, des démonstrations, un job dating et le témoignage de personnalités inspirantes et accessibles rythmeront l’événement.

etonomy-job7892.fr/La-Defense-92

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