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Rendez-vous en terre inconnue

À La Ferté-Alais, dans un cadre verdoyant à seulement cinquante kilomètres de Paris, l’association Vir’Volt accueille des volontaires de toutes les nationalités.

Cet été, plusieurs « chantiers solidaires » ont permis à de jeunes Alto-Séquanais de vivre une expérience de coopération et d’ouverture culturelle dans un cadre dépaysant.

Remettre la batterie dans la visseuse, insérer la mèche, choisir une vis : devant ce qui n’est encore qu’une ébauche de cabane, Ali et Lamri hésitent, se concertent, se renseignent, puis retournent à leur tâche. En posant ces planches, préalablement débitées et poncées, ils finalisent le travail de toute une semaine. « Mettez des vis plus petites, sinon les petits qui joueront ici vont s’écorcher les doigts », prévient Bruno. « J’essaie de leur donner envie de s’impliquer, ensuite c’est à eux de faire, je délègue », explique l’encadrant technique. Tout cela sous le regard des visiteurs de la ferme pédagogique, dont les enfants profiteront bientôt de cette maisonnette. Année après année, les chantiers de jeunesse accueillis à La Ferté-Alais modifient, par petites touches, l’aspect de ce site très fréquenté. « On avait déjà réalisé le bardage bois d’un des chalets, là on termine la maisonnette, les prochains volontaires rénoveront du matériel agricole pour le projet d’écomusée. En intervenant pour la commune, on permet aux jeunes de travailler sur des projets d’intérêt général, explique Luc Lenormand, délégué de Vir’Volt, antenne de l’association Solidarités jeunesses en Île-de-France. Tous peuvent participer, quelles que soient leurs connaissances. Nos chantiers sont d’abord basés sur le faire et le vivre ensemble. » Quatre groupes des Hauts-de-Seine auront séjourné à La Ferté-Alais cet été dans cadre du « Plan vacances jeunes été 2020 » départemental, recrutés via le réseau de solidarité « Veille active jeune 11-25 ». « L’idée est de mutualiser les forces avec nos partenaires. Pour ce séjour par exemple, nous nous sommes adressés à une association de prévention spécialisée d’Asnières qui connaît bien ces jeunes », explique le responsable du dispositif, Philippe Da Silva.  Toujours pour une meilleure coordination, un éducateur du Département a rejoint l’équipe d’animation de Vir’Volt.

Cette cabane en cours de construction est destinée aux enfants de la commune.©CD92/Olivier Ravoire

Adieu la wi-fi

À deux pas de la ferme pédagogique, Vir’Volt occupe l’ancien camping municipal, au milieu d’une pinède. Au centre, la grande yourte sert de lieu de vie commun pour une trentaine de personnes, à côté, un grand barnum abrite la cuisine. Non loin de là sont installés des tipis, des roulottes, habitats insolites, et la tente de nos cinq jeunes urbains, âgés de 15 à 17 ans. « Arrivés ici, ils étaient coupés de leur famille et de leur environnement, raconte Juliette, la directrice du séjour. En plus de ça, pendant les mois de confinement, ils avaient pris un autre rythme, n’avaient plus que des contacts virtuels. Au début, ils réclamaient la wi-fi ! » Si les garçons, qui se connaissaient avant le séjour, ont pu partager la même tente, ils ne seront pas restés entre eux. Support d’apprentissage à part entière, dans les chantiers de Vir’Volt, toutes les tâches ménagères se déroulent au sein d’équipe mixtes, mêlant jeunes Français et volontaires internationaux, séjournant en même temps sur les lieux – Sud-Africain, Guinéen, Thaïlandais, Tanzanien, Arménienne, Péruvienne, Coréenne, Allemand… Au sein du « team kitchen » (équipe cuisine) ou du « team cleaning » (nettoyage), chaque moment devient ainsi une occasion d’aller vers l’autre. « On n’est pas tous bilingues en anglais mais on arrive à communiquer. Certains des étrangers apprennent le français et quand on n’a pas de mots, il y a les gestes », explique Roman. Acteurs de leur séjour jusqu’au bout, les ados ont arrêté eux-mêmes en « conseil des jeunes » le programme de leur dernière journée sur place : tournoi de foot, de basket, repas international, soirée dansante… Avant de la préparer lors des temps d’activités. Quelques jours avant le retour, ils ont complétement changé de regard sur leur expérience : « On ne savait pas à quoi s’attendre, confie Faysal. Finalement c’est pour les autres qu’on a joué le jeu, on a commencé à s’attacher, on a appris à s’entraider. » Le groupe d’amis, qui a gardé le contact avec plusieurs volontaires, n’exclut pas de repartir en chantier, ici ou ailleurs.

Pauline Vinatier

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