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Écran géant

À La Seine Musicale, du 7 au 21 juillet, un festival décontracté en vidéo et plein air.

La formule de L’Été en Seine rappellera aux plus anciens – ou aux plus américains – celle des drive in où le cinéma se joue en très grand format et en plein air. À ceci près que le dispositif est nettement plus écologique sur le parvis de La Seine Musicale : on n’y vient pas en voiture mais à pied et l’on s’installe, le plus confortablement possible, sur des transats et non sur de vieux cuirs patinés par les hydrocarbures… La programmation sur l’un des plus grands écrans du genre – 800 m2, soit trois terrains de tennis, ou deux tiers de piscine olympique… – est liée aux musiciens résidents : Jaroussky and Friends, La Grande Messe en ut de Mozart, interprétée par Insula orchestra et filmée par Pascale Ferran, ou la captation du concert d’Arthur H, La Boxeuse amoureuse, avec Marie-Agnès Gillot en artiste invitée d’une Seine libre malgré les contraintes en 2020. Classique encore, musique et danse, mais cette fois en partenariat avec l’Opéra de Paris : Aïda de Verdi par l’artiste néerlandaise Lotte de Beer et Le Parc, chorégraphie mozartienne d’Angelin Preljocaj. Quant au Cinéclub Paradiso proposée par mk2, il traverse trois genres et trois époques : le glam rock de Phantom of the Paradise (1974) de Brian De Palma, le power flower de la comédie musicale Hair (1979) adaptée par Miloš Forman, l’underground rock soviétique du film Leto (2018) de Kirill Serebrennikov. Les séances sont gratuites, les réservations nécessaires pour le cinéclub et il est conseillé de prévoir une petite laine, au cas où.

Photo : CD92/Julia Brechler

Issy c’est Nancy !

Jusqu’au 14 août, le Musée français de la Carte à jouer présente une cinquantaine d’œuvres du peintre Art déco Victor Prouvé (1858-1943)

Victor Prouvé, qui fut l’un des principaux animateurs de l’École de Nancy auprès de ses amis Émile Gallé et Louis Majorelle, avait la maîtrise de l’art et l’esprit républicain. Deux qualités qui le firent concourir à la réalisation des grandes fresques des hôtels de ville, lancés après la chute du Second Empire pour « glorifier le bonheur républicain à venir ». Une belle réputation et un joli coup de crayon qui lui obtiennent en 1896 la commande par la ville d’Issy-les-Moulineaux de La Vie, une immense allégorie de treize mètres sur trois surplombant l’escalier d’honneur. Laquelle, classée au titre des Monuments historiques mais plombée par le vieillissement d’un vernis, a été spectaculairement restaurée en 2019. C’est principalement autour de ces fresques, des esquisses et dessins préparatoires ainsi que des collaborations avec les maîtres verriers ou les relieurs de Nancy, que gravite l’exposition Victor Prouvé, le maître de l’Art nouveau à Issy. Même s’il y a dans la patte du peintre quelque chose qui évoque les sensualités d’un Renoir méticuleux, rien d’impressionniste dans la manière de Victor Prouvé : il travaille à l’atelier, s’inspirant de dessins et photographies de ses proches pour peindre un bonheur à la fois républicain et conjugal. Musicienne, son épouse Marie Duhamel est sa muse et, puisque bon sang ne saurait mentir, leur fils Jean Prouvé deviendra l’architecte designer que l’on sait, celui de la Maison du Peuple de Clichy et des maisons préfabriquées de Meudon.

Photo : © Musée de l’Ecole de Nancy, Nancy / Photo Jean-Yves Lacùte

 

L’art du parfum

Le secret pour bien se sentir dans sa peau ne réside pas seulement dans la pratique du sport – dont Colombes avec son stade olympique demeure un exemple historique que les JO de 2024 remettront à l’honneur – mais peut-être aussi dans celle plus délicieuse encore du parfum. Colombes en la matière est également bien pourvue, ce que rappelle l’exposition Parfums au Musée d’art et d’histoire de la ville jusqu’au 18 septembre. Se souvient-on qu’au milieu du XIXe siècle, la maison Guerlain a transféré ses usines de distillation parisienne à Colombes, au lendemain de l’obtention du brevet de parfumeur de l’impératrice Eugénie qui usait de la fameuse Eau de Cologne impériale ? Guerlain ne fut pas la seule maison de luxe à s’installer à Colombes : Dorin, Sauzé, Kerkoff y ont laissé leurs effluves dans des flacons ouvragés que l’exposition nous propose de découvrir à travers ses propres collections et des pièces exceptionnelles prêtées par le Musée international de la parfumerie de Grasse, l’expert Jean-Marie Martin-Hattemberg et plusieurs collectionneurs privés.

Photo : © Bruno Farat

Sur le toit du monde

L’altitude n’est certes pas la même mais le clin d’œil est cocasse : c’est dans les espaces d’exposition du toit de la Grande Arche de La Défense que l’on peut voir jusqu’au 30 novembre 150 tirages photographiques de Matthieu Ricard, moine bouddhiste, traducteur pour la France du Dalaï-lama, qui vit dans les montagnes de l’Himalaya depuis cinquante ans. Paysages vertigineux, figures du vivant et visages des résidents du toit du monde, cet Hymne à la beauté nous offre la possibilité de « prendre de la hauteur ». Le photographe use de l’objectif comme d’une source d’espoir : « La beauté nous procure un profond sentiment de plénitude. On pourra qualifier de beauté “relative” ce qui nous procure une satisfaction momentanée, et de beauté “ultime” ce qui conduit à une plénitude durable qui perdure au travers des aléas de l’existence. » Coïncidence supplémentaire : au bas de la Grande Arche, le pavillon de bambou de l’exposition Aquamater de Sebastião Salgado, alors installé à Arles, accueillait en 2018 une exposition de photographies de Matthieu Ricard… Les deux regards ne sont pas incompatibles. 

Photo : © Matthieu Ricard

En chantier

Avant l’inauguration en septembre – difficile de parler de vernissage pour une œuvre qui emprunte beaucoup aux techniques du bâtiment – de son exposition énigmatiquement titrée Le cran vous désape comme un petit ver tout nu, la plasticienne Sara Favriau passe l’été à la Maison des Arts de Malakoff dans Les coulisses de la création, avec deux installations visibles jusqu’au 22 juillet. Plâtre en masse pour Grandir amplement, disposée entre les murs du centre d’art contemporain ; en masse n’étant pas qu’une formule puisque trois tonnes de plâtre sont nécessaires pour monter les parois d’un nouveau cheminement éphémère, qu’il s’agira pour l’artiste de détruire lors d’une performance fracassante à la rentrée. Dans le parc, Sara Favriau conçoit une sculpture-tronc en bois qu’elle imagine comme un objet flottant entre la poésie japonaise et le mythe de Robinson Crusoé. Lors de médiations les jeudis et vendredis, les visiteurs sont invités à toucher et sentir la palette sensorielle de la matière bois – écorces, copeaux et sciure

Photo : © Sara Favriau

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