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LE FESTIVAL DE TOUTES LES MUSIQUES

36e édition du festival Chorus dédié à toutes les esthétiques et tous les publics des musiques actuelles. Sur six scènes du 20 au 24 mars à La Seine Musicale.

Avec son alternance de têtes d’affiche et de musiciens émergents, le festival Chorus et la musique qu’il défend font écho au monde contemporain. C’est peu dire qu’il a changé depuis trente-cinq ans, dans ses pratiques, dans ses esthétiques, dans ses mythologies. D’abord parce que les canaux de communication des musiciens ont été bouleversés. Ce qui passait autrefois par la télévision et la radio est devenu l’affaire des réseaux sociaux, capables en 24 heures de remplir une salle de millenials sans que les boomers soient même au courant. Particulièrement secoué par la pandémie, le spectacle vivant en général et les concerts en particulier sont nécessairement attentifs à faire revenir le public dans les salles, et cela suppose de multiplier les propositions en phase avec les aspirations d’une jeunesse toujours plus diverse, sensible aux thèmes qui jalonnent son univers de hashtags. Or puisque rien ne se crée et que tout se transforme, les thèmes de l’exclusion – raciale, sociale, sexuelle – irriguent les musiques populaires depuis sinon la nuit des temps du moins l’aube du rock. Le rap et les musiques urbaines – qui constituent avec l’électro et le pop-rock le noyau du festival Chorus aujourd’hui – revitalisent mythologies et archétypes dont beaucoup sont nés au milieu du XXe siècle. 

Faire revenir le public dans les salles suppose de multiplier les propositions

Éclectique et pas toc 

Quant au fameux Sex & Drugs & Rock & Roll, il est traversé parfois d’un romantisme surprenant, voire d’un certain puritanisme propre au XXIe siècle.
Annoncée comme exigeante – c’est-à-dire qu’on n’y trouvera pas de musiciens mainstream mais des figures singulières – et éclectique, la programmation Chorus 2024 est aussi une affaire de territoire. Le rap made in 92 est chez lui à La Seine Musicale, qui démultiplie ses espaces : la Grande Seine, l’Auditorium transformé en « boule à facettes », la Capsule et la Petite Scène afin de se ménager des moments plus intimes ; et dehors la scène du Parvis et le Rodin 360 au système son immersif. Un petit sondage mené – précisons-le sans aucune méthode scientifique – auprès d’un échantillon de la génération Z place dans le top du bon son le Clamartois SDM (Grande Seine, 2 avril), les Isséens Luidji (Grande Seine, 23 mars) et Chassol (Auditorium, 2 avril), ainsi que Julien Granel, venu complètement d’ailleurs avec sa musique feel good pleine de couleurs (Parvis, 22 mars). Et puisqu’on a dit éclectique, citons comme autant d’invitations à éplucher le programme la culture caribéenne d’Amahla, l’intensité de l’Américaine Sarah McCoy, le Cap-Vert selon Mayra Andrade et le concept électro-atmosphérique des Grandbrothers. Un festival qui ne serait pas complet sans le Chorus des enfants (20 mars) et l’Emergence Day avec les musiciens du parcours d’accompagnement à la professionnalisation d’artistes (PAPA) et ceux du Prix Chorus (21 mars). Lequel s’affirme depuis 2010 comme un révélateur des talents et de leur diversité – preuve par le neuf : Zaho de Sagazan en 2022 et Uzi Freyja l’année dernière.

Didier Lamare
chorus.hauts-de-seine.fr 

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