La Zoy est accompagné dans sa résidence par deux coachs. Objectif : organiser les concerts et muscler le jeu de scène du groupe. CD92/Julia Brechler
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Les talents de demain au test du labo

En parallèle à Chorus et à La Défense Jazz festival, le Labo des festivals a pour objectif d’aider à la création et à la diffusion des artistes repérés dans les différents programmes du Département.

Objectif 45 minutes de concert pour La Zoy. Pendant cinq jours, Boris, Baptiste, Joseph et Simon ont investi le studio RiffX de La Seine Musicale afin de travailler leur jeu de scène. Derrière son micro, entre deux chansons, Baptiste le chanteur répète ses transitions et sa phrase d’adieu à son public : « On espère vous revoir bientôt et d’ici là, à la prochaine. » Le groupe a paradoxalement profité de l’arrêt des concerts pour améliorer ses prestations live. « Nous avons mené une grosse réflexion sur l’efficacité de notre set pour ne pas avoir de coup de mou sur scène. C’est un travail que l’on n’avait jamais fait de manière aussi importante », explique Baptiste. L’occasion aussi de constater que leur titre Février « fonctionne mieux en la mineur »…

Les quatre musiciens bercés par le rock alternatif des années 80/90 comme Noir Désir ou Bérurier Noir sont quelques-uns des artistes accueillis en résidence à La Seine Musicale dans le cadre du Labo des festivals. Ainsi, pendant quelques mois, les groupes se succèdent aux studios Riffx, venus de toute la galaxie de dispositifs destinés aux jeunes formations en voie de professionnalisation qui sont repérées et aidées par le Département : le dispositif PAPA (Parcours d’accompagnement à la professionnalisation d’artiste) ainsi que les sélections des Prix Chorus et du Concours national de jazz. « Ce Labo est un dispositif d’accompagnement à la création que nous développons depuis trois ans en parallèle aux différents festivals, explique Antoine Pasticier, chef de projets musiques actuelles au Département. Il a été mis en place pour connecter le territoire à toute la politique culturelle départementale et donner des outils aux artistes émergents. » Ces outils ont été renforcés l’an dernier par un « coup de pouce » du Département, puisque 26 000 Ä ont été versés aux groupes « PAPA » issus des sélections 2015-2020 et 3 000 Ä d’aides professionnelles aux douze sélectionnés des Prix du Concours national de jazz à La Défense et Chorus.

Le quatuor La Zoy est entré en 2019 dans le dispositif PAPA du Département. Il bénéficie, dans le cadre du Labo des festivals, de résidences à La Seine Musicale.© CD92/Julia Brechler
La chanteuse et contrebassiste ËDA, également dans le PAPA, profite de cette résidence pour travailler en acoustique les titres de son prochain album.© CD92/Olivier Ravoire

« Choper » le spectateur

La Zoy participe depuis des années à des concours et résidences dans les Hauts-de-Seine comme à Clamart, Antony et Issy-les-Moulineaux. Il y a un an et demi, il est entré dans le Papa pour ce qui devait être à la base une seule année d’accompagnement et de professionnalisation. Du fait de la crise sanitaire, ce délai a été rallongé jusqu’en septembre 2021. « Grâce au PAPA, nous avons pu par exemple finaliser notre clip, louer la Boule Noire pour la sortie de notre EP et faire différents achats de merchandising. Cette résidence financée par le Département nous permet de faire appel à un ingé son et deux coachs scéniques », détaille Baptiste. Tantôt sur scène à prodiguer leurs conseils, tantôt derrière la table de mixage, Popy et Gaël, les deux coachs en question, ne perdent pas une miette de cette résidence. « Nous avons décortiqué les morceaux, réagencé la structure de leur concert, fait des arrangements, donné à l’ordre à la setlist, travaillé sur les transitions. Le but est de tenir un fil sans jamais le couper et ça, c’est très dur. C’est important de mettre le doigt sur l’essentiel de la scène et de savoir comment tu vas “choper” les spectateurs », lance Popy, par ailleurs guitariste du groupe No One Is Innocent. La Seine Musicale propose, pour ces jeunes formations, des conditions techniques idéales. « On peut par exemple enregistrer en multipiste et avoir une trace sonore de leur travail », poursuit Popy.

Quelques jours après La Zoy, c’est autour d’ËDA – alias Eléonore Diaz Arbelaez – de profiter de l’île Seguin. Cette artiste franco-colombienne, chanteuse et contrebassiste, vient déployer sa voix cristalline avec ses deux musiciens Anthony Winzenrieth à la guitare et au clavier et Baptiste de Chabaneix à la batterie. Après un EP de cinq titres et une tournée de deux ans, la musicienne a décidé de « repartir de zéro » et de reprendre les chansons de son nouvel album en acoustique. «  C’est une manière de redécouvrir les morceaux et de jouer sans machines électriques des chansons très pop. Notre premier travail va être de revoir leurs “squelettes”», explique-t-elle. Cette artiste touche-à-tout, au répertoire électro-pop fusionnel entre la France et son pays d’origine, a étudié le piano et le chant au conservatoire avant d’opter pour la contrebasse. Elle a elle-aussi écumé les scènes alto-séquanaises, du conservatoire de Boulogne au Tamanoir de Gennevilliers en passant par la MJC de Chaville. Comme La Zoy, elle a intégré le Papa l’an dernier où elle bénéficie de l’accompagnement de son « parrain » Christophe Spagnolo. « Quand on est tout seul, c’est important d’avoir un référent, quelqu’un à qui demander conseil. Le PAPA permet également d’avoir des salles et de réfléchir à un budget, résume-t-elle. Être ici, à La Seine Musicale, c’est assez royal. C’est un luxe de pouvoir jouer dans ces conditions et de faire une résidence ici. »

Outre cette résidence, ËDA participe aux différents dispositifs mis en place par le Département comme « Entrée des artistes » qui lui a permis de se produire en maison de retraite.© CD92/Olivier Ravoire
© CD92/Julia Brechler

Aide à la diffusion

Outre ces résidences de création, le Labo des festivals repose sur trois autres piliers qui lient sans cesse musiciens et lieux d’expression artistique des Hauts-de-Seine. Le premier implique des artistes reconnus avec d’un côté Guilty pleasures, une création originale qui se jouera à La Seine Musicale avec une dizaine d’artistes de la scène française sous la direction de Victor Lemasne, directeur artistique de Philippe Katerine et de l’autre le jazzman André Manoukian qui a travaillé de décembre 2019 à février 2020 avec une soixantaine de choristes amateurs du nord des Hauts-de-Seine à la Maison de la Musique de Nanterre autour d’un projet inspiré de ses racines arméniennes. Le Labo aide ensuite à la diffusion par le live des artistes émergents. « Nous favorisons l’organisation de concerts de groupes issus des sélections des trois derniers prix dans une des salles partenaires des Hauts-de-Seine », précise Antoine Pasticier. Ce nouvel axe est amené à monter en puissance dans les années qui viennent. Le Labo entre même dans les parcours d’éducation artistique et culturelle du Département. Ainsi, Gabriel Gosse – LynX Trio issu de la selection du Concours national de jazz en 2020 et ËDA participent au dispositif départemental Entrée des artistes dans le cadre duquel ils ont pu se produire en maisons de retraite.

En mélangeant les publics et en multipliant les expériences musicales et les dispositifs, le Labo des festivals a ainsi réussi pleinement à justifier son nom… En attendant le retour de la scène. 

Mélanie Le Beller
chorus.hauts-de-seine.fr

Trois nouveaux fils à PAPA

Le PAPA n’arrête jamais d’engendrer sa descendance. Ainsi, les trois nouveaux groupes de la sélection 2021 sont connus et rejoindront le dispositif en septembre pour une durée d’un an. Tout d’abord l’auteure, compositeure et interprète Carole Pelé, déjà accompagnée par Le Réacteur – CLAVIM à Issy-les-Moulineaux, qui livre avec sa pop urbaine ses révoltes, ses espoirs et ses colères en rappant, en parlant ou en chantant. Ensuite, le multi-intrumentiste Colas et son univers électropop construit à l’aide de son bagage technique et ses influences. Enfin le jeune artiste de musique électronique Theobuntu. Ces trois musiciens bénéficieront chacun de 6 000 € d’aide financière et d’un accompagnement par un tuteur pour lancer leur carrière. Le prochain appel à projet est sur les rails pour un vote en janvier 2022. n

www.facebook.com/carolepelemusique, www.colasmusic.com et www.theobuntu.com.

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