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Surf dans un jardin français

Le musée du Domaine départemental de Sceaux expose certaines des plus belles pièces de ses collections de gravures et de dessins, en profitant des sortilèges du numérique.

Perché sur un échafaudage, un homme portant haut-de-forme dessine l’immensité d’un paysage, les jardins, les bois et au loin un château. L’aquarelle gouachée d’Antoine Ignace Melling nous transporte dans l’atmosphère du fameux film de Peter Greenaway, Meurtres dans un jardin anglais, dont le titre original – « Le Contrat du dessinateur » – colle exactement au propos de l’exposition Dessiner un jardin, présentée dans la galerie des Écuries du Domaine départemental de Sceaux jusqu’au 1er septembre, dans le cadre des commémorations de l’année Colbert. En une cinquantaine d’étapes, c’est l’état de l’art et de la manière de représenter les jardins, du XVIIe au XIXe siècle, en autant de pièces de délectation devenues œuvres de mémoire maintenant que la plupart de ceux-ci ont disparu. Du « jardin régulier » selon Le Nôtre, qu’on a pris l’habitude royale de nommer à la française, aux jardins à l’anglaise, à l’anglo-chinoise, à la manière de… Deux œuvres nous sont exceptionnellement proposées à la fois matériellement et virtuellement. L’album des Vues des belles maisons de France, des graveurs Perelle, dont la version numérisée est entièrement consultable sur écran, et le Transparent des Quatre Saisons de Louis Carrogis de Carmontelle, sorte de documentaire cinématographique avant l’heure : 119 feuilles de papier vélin translucide assemblées en un rouleau de plus de 40 mètres. Il sera déroulé à l’ancienne lors de séances de fin d’après-midi deux jeudis par mois. Et diffusé virtuellement tout au long de l’exposition, en une sorte de surf dans un jardin français…  Photo : © Pascal Lemaître

Du beau monde chez Mozart

Le festival Mozart Maximum reçoit à La Seine Musicale pour la troisième fois. Invités de prestige et pièces montées surprises, il y aura tout ce qu’il faut pour donner du sens à la fête.

Dans l’esprit d’offrir la musique classique à tous, sans smoking mais sans compromis, le festival Mozart Maximum est exemplaire. Un compositeur d’abord, emblématique du genre, aussi génial qu’il est accessible. Des formes inédites ensuite, des rapprochements électriques, des surprises. Et puis comme chaque saison, le gratin des musiciens, la crème de la scène. À commencer par Yoann Bourgeois. À l’invitation de Laurence Equilbey, d’Insula orchestra et du chœur Accentus, il propulse huit danseurs acrobates dans les trous noirs du Requiem inachevé – joué ici dans les seuls fragments signés de la main du compositeur – où ils gravitent comme des électrons libres autour des pleins et des vides d’une œuvre d’autant plus bouleversante qu’on ne l’entend jamais ainsi. Des cocktails plus ou moins détonants seront servis pour l’occasion : un panaché Mozart-Schubert, un mix Mozart-Reich. Christophe Rousset et son ensemble Les Talens Lyriques apportent un cadeau-surprise : l’oratorio La Betulia Liberata, composé par un Amadeus de 14 ans qui ne l’a probablement jamais entendu. Et comme si cela ne suffisait pas, le légendaire Concentus Musicus Wien se joint à la fête. Bref, du 20 au 30 juin, il sera question une nouvelle fois d’un Mozart qui décoiffe, n’en déplaise à ceux qui n’ont jamais réussi à tomber la perruque poudrée. Photo : CD92/Jean-Luc Dolmaire

Peindre comme un patrimoine

Du 18 mai au 25 août, la Maison de Chateaubriand invite les peintures d’André Boubounelle à dialoguer avec l’esprit du maître des lieux et le paysage des jardins. L’artiste ne s’y sentira probablement pas dépaysé, qui peint comme si Corot était son voisin de chevalet. « Il y a une humilité, une sagesse et une empathie pour le monde chez Corot, confiait-il récemment, ajoutant : Caravage, Titien, Courbet, ou Vélasquez m’ont nourri. […] Les grands phares pour moi, ce sont Proust et, en musique, Ravel. » Pareilles références ne pouvaient que séduire l’académicien français Marc Fumaroli, qui en témoignait à l’occasion d’une récente exposition collective à laquelle André Boubounelle participait : « Les artistes par ailleurs, en renouant avec la vocation profonde des arts du dessin, anticipent une époque nouvelle où la naïveté retrouvée d’un public dégrisé, et donc libéré lui aussi du trop fascinant et incessant défilé des images technologiques, se transportera à l’admiration et à la méditation de la vraie nouveauté, l’artistique, nourrie par l’étude des maîtres anciens. »
Photo : André Boudounelle, Chêne solitaire à Grosrouvre

 

Le goût du paysage

Un collectionneur, c’est avant tout un goût, puis un chemin qui peut éventuellement sinuer mais ne s’égare pas. Et c’est également un point de départ. Le parcours du collectionneur, exposé jusqu’au 13 juillet sous le titre Paysages de Corot à Braque au Musée d’Art et d’Histoire de Meudon avec le concours des Amis du paysage français, a commencé ici même, autour de la découverte des tableaux d’une donation antérieure. Voilà en une cinquantaine de toiles ce que ce désir est devenu. Le titre nous fait des cachotteries : le parcours commence un demi-siècle avant Corot avec une spectaculaire Vue du Mont-Saint-Michel, peinte dans les ors néoclassiques par Achille Etna Michallon, Prix de Rome 1817. Il s’achève bien en revanche par un étonnant Paysage de dunes, monté en gris et en mauve par un Georges Braque de tout juste 18 ans. Entre les deux, une cinquantaine de toiles pour montrer l’évolution de regard sur la nature, à la fois celui des artistes réunis et sans doute un peu celui de qui les a choisis…
Photo: Maurice Denis, Panorama depuis une vallée rose

Sculpter la lumière

ous la simplicité des formes, il y a dans le travail de Nathalie Delasalle l’ambition secrète de capturer la lumière. Sans effet de manche ni de néon, sans dispositif technique : tout bonnement en lui préparant des pièges douillets qui n’attendent qu’elle pour se révéler sculptures, mouvement, respiration. Avec Pour l’instant, titre de son exposition à la Maison des Arts de Châtillon du 15 mai au 22 juin, la sculptrice caresse des formes, blanches toujours car au plus intense c’est la vraie couleur de la lumière : ventres ronds, œufs secrets, anneaux qui glissent, pour épanouir cette lumière insaisissable qui ruisselle, traverse, s’arrête même lorsque notre regard fait de même puis s’évanouit au premier clin d’œil. Et l’on soupçonne deux autres qualités chez l’artiste : la patience des finitions, et une gourmandise de la matière… Photo : © DR

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