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Sculpture debout

Une centaine d’œuvres du sculpteur et dessinateur Jacques Zwobada (1900-1967) sont exposées du 18 septembre au 20 mars dans les Écuries du Domaine départemental de Sceaux.

Né à Neuilly-sur-Seine, travaillant sa vie durant dans son atelier de Fontenay-aux-Roses, Jacques Zwobada reçoit en voisin à Sceaux un bel hommage : une soixantaine de dessins, une quarantaine de sculptures, des premières œuvres encore figuratives où rôde le fantôme de Rodin à l’explosion verticale de son imagination au début des années cinquante. Tout est vertical chez lui, les formes, l’élévation souvent sensuelle, la tension permanente vers le haut. La Chevauchée nocturne semble une verticale forcée à l’oblique par la vitesse, les hommages dessinés lèvent la tête, des Sculpteurs des cathédrales jusqu’à Jean-Sébastien Bach lui-même. Quant au Couple, il se tient debout malgré le tourment : parce que l’histoire de Jacques Zwobada est aussi une histoire d’amour contrarié avec Antonia Fiermonte, dont les détours évoquent un peu celle de Dalí pour Gala. Une histoire qui ne commence pas très bien et finit mal mais qui aura donné son plus bel élan créatif à Zwobada – puis une nouvelle inspiration, marquée par l’expression du souvenir quand Antonia meurt onze ans avant lui.

L’exposition rétrospective Jacques Zwobada, Résonances prépare la fonte d’une Verticale en bronze de dix mètres de haut, commandée par le Département, qui sera installée l’été prochain au parc André-Malraux, sa base immergée dans l’étang, dressée face à la nature. C’est ainsi que Zwobada entendait ses Verticales exubérantes, symbole des forces puissantes qui surgissent de la forêt au Venezuela, où l’artiste vécut deux années marquantes.

Photo : Elévation, 1955 et Le Couple, 1956.
© CD92/Philippe Fuzeau

Le Grand Siècle au Petit Château

Après cinq ans de fermeture, le Petit Château du Domaine départemental de Sceaux ouvre au public le 9 septembre avec une nouvelle affectation : le pavillon de préfiguration du musée du Grand Siècle.

Le Petit Château accueille la Mission de préfiguration du musée du Grand Siècle chargée de concevoir un nouveau musée départemental fondé sur la donation des collections de Pierre Rosenberg, l’ancien président-directeur du musée du Louvre. Passé le vestibule, le public découvre d’abord une salle d’introduction, consacrée à la donation Rosenberg avant de découvrir deux salles de taille différente consacrées au règne de Louis XIV ; la seconde, permet d’exposer des grands formats, l’un des caractères les plus marquant de la peinture de cette époque. Au premier étage, les visiteurs découvrent trois nouvelles salles. La première met en valeur les arts à l’époque Louis-XIII ; une autre est destinée aux expositions de dessins et d’œuvres précieuses ; la dernière est dédiée plus spécifiquement aux collectionneurs, un des aspects majeurs du futur musée, et notamment à la donation Rosenberg, dont les tableaux seront présentés par roulement dans un esprit proche du « cabinet d’amateur ». À l’occasion de l’exposition inaugurale, le public peut ainsi découvrir plus de cinquante œuvres en grande partie inédites, comprenant les acquisitions réalisées par la Mission depuis 2019, des œuvres majeures de la donation Rosenberg, ainsi qu’un rare tableau de Nicolas Poussin.

Grand projet départemental, le musée du Grand Siècle ouvrira en 2025 dans l’ancienne caserne Sully, située au bas du parc de Saint-Cloud.

Photo : CD92/Willy Labre

Pliage

Née à Casablanca, vivant et travaillant à Paris, Randa Maroufi appartient à cette jeune génération de vidéastes open space, diplômée des Beaux-Arts de Tétouan et d’Angers ainsi que du Fresnoy à Tourcoing. Son imaginaire la porte vers « la mise en scène des corps dans l’espace public ou intime ». Son père, douanier, s’engageait dans son serment professionnel à « considérer comme hôte dans (s)on pays le voyageur étranger ». Situations transitoires, frontières traversées, géographies plus ou moins rêvées, L’Autre comme hôte, du 18 septembre au 28 novembre, sonne aujourd’hui comme un fragile manifeste. Au cœur de l’exposition, une vidéo coproduite par le CACC joue de « l’exercice du pli et du drapé qui jalonne l’histoire de l’art ». Deux officiels tentent de replier un tissu bleu à la manière d’un drapeau, dans une chorégraphie à la fois tendre et drôle qui laisse affleurer une certaine idée de résistance. Dans le cadre d’un Marathon vidéo pour Nuit blanche 2021, une nuit de projections de films sportifs programmée par Randa Maroufi aura lieu le 2 octobre à partir de 19 h.

Photo : Libération, De La Série Nabila & Keltoum & Khadija, 2015. © Prêt De La Collection Du Frac Champagne-Ardenne © Randa Maroufi

Nature et magie

Que le titre À poils… et à plumes ! ne nous méprenne pas : l’exposition, du 15 septembre au 14 novembre à la Maison des Arts d’Antony, n’est pas un nouvel avatar de chats mignons et d’oiseaux cocasses mais une proposition partagée entre quatre artistes qui concerne plus le monde naturel et magique que la peinture animalière. L’art de la plume de Nelly Saunier, héritage ancien mis au service de la haute couture, se tourne ici vers des sculptures de nature fragile, à mi-chemin entre le totem et l’art du bouquet japonais. Plumes encore, aux royaumes des ombres, avec Claire Morgan qui suspend l’envol d’oiseaux trouvés sans vie qu’elle naturalise avant de les enchâsser pour une petite éternité dans des structures de plastique géométriques. Le cheveu relève lui des domaines de Josiane Guitard-Leroux et de Laura Sanchez Filomeno. La première « trikhotant » les siens comme on sauverait de modestes vestiges au bord de l’oubli, la seconde brodant des cheveux tombés, trouvés ou donnés dans une manière baroque, un abrégé de nature en trompe-l’œil.

Photo : Not for Want of Trying, 2018. © Claire Morgan

Un Américain à Meudon

En 2018, le Musée d’Art et d’Histoire de Meudon s’intéressait Au fil de l’eau à la peinture de Frank-Will, moitié cliché montmartrois, moitié expressionnisme douloureux. Cette saison, le même remonte une génération vers son père, avec Frank Boggs, en marge de l’impressionnisme, jusqu’au 6 mars. Né à Springfield dans l’Ohio en 1855, Boggs arrive à Paris en 1880, autant dire qu’il saute en marche dans le train de l’impressionnisme. Élève de Gérôme aux Beaux-Arts, il s’installe à Meudon, où il mourra en 1926. Là, il sort souvent sa boîte à aquarelle pour constituer l’essentiel de son œuvre. L’eau est son domaine, les villes qu’elle baigne, les ponts qui la traversent. Les ciels aussi, sans doute un peu plus lourds que chez ses devanciers français à la même époque, mais avec la pointe anglo-saxonne qui a fait Constable et Turner. Beaucoup plus de gris que de couleurs primaires, des effets de fumées encore, et le souci du réalisme qui le laisse figurer en marge des mouvements picturaux révolutionnaires. Mais un joli talent de peintre à qui l’on n’est pas forcé de coller une étiquette.

Photo : Frank Boggs, Boulevard sous la pluie, première moitié du XXe siècle. © Musée d’art et d’histoire de la ville de Meudon, don Lefèvre

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