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Love Story à Boulogne

Après deux reports pour cause de pandémie, le Roméo et Juliette selon Benjamin Millepied arrive enfin à La Seine Musicale.

Ce sera donc du 15 au 25 septembre que sera donnée sur la Grande Seine cette coproduction du LA Dance Project – la compagnie américaine du chorégraphe français – et STS Événements-La Seine Musicale. La création ne concerne pas l’œuvre musicale proprement dite, composée par Serge Prokofiev en 1935, mais le regard très actuel et les moyens physiques et techniques mis en œuvre par Benjamin Millepied : « Je l’ai conçu comme des scènes de danse que l’on vit en direct sur le plateau et des moments où la danse devient du cinéma devant les yeux du spectateur. Il y a des scènes qui s’échappent de la scène et se transforment en cinéma en direct dans les coursives, les jardins… C’est un moyen de faire vivre le mythe aujourd’hui. »

Leonard Bernstein et Jerome Robbins l’avaient réinventé sur une nouvelle partition avec West Side Story, Benjamin Millepied choisit lui d’associer ses deux passions : le cinéma et la chorégraphie. Les trois distributions annoncées pour le couple mythique répondent à la même ambition : « Je ne cherche pas à casser des codes, mais faire une production de Roméo et Juliette extrêmement classique en la proposant simplement avec un couple homme-femme, cela semble ridicule aujourd’hui. On ne peut pas ne pas donner l’opportunité à deux hommes ou à deux femmes de danser cette histoire. » L’engouement du public est tel qu’une date supplémentaire a été ajoutée aux neuf initialement prévues – et des places se libèrent parfois au dernier moment…

Photo : DR

Romantisme et modernité

Aux Anciennes Écuries du Domaine départemental de Sceaux, acte II de l’exposition Le Trait et l’Ombre. Dessins français du Musée des Beaux-Arts d’Orléans. Jusqu’au 31 décembre.

Le dessin est devenu pour le musée du Domaine départemental de Sceaux un… dessein majeur de sa mission consacrée « au goût français de Louis XIV à Napoléon ». Depuis une dizaine d’années, des partenariats avec de grands Musées des Beaux-Arts aboutissent à des expositions d’envergure. La dernière en date l’est tellement qu’il a fallu la scinder en deux parties pour la mener à bien – autant en raison du nombre d’œuvres sélectionnées, deux cents parmi les douze mille dessins des collections du musée d’Orléans que par le souci de ne pas trop longtemps exposer à la lumière des feuilles fragiles. Après un premier acte De Poussin à David, le rideau se lève le 8 septembre sur l’acte II : De Géricault à Picasso, soit un parcours du romantisme que la Révolution et l’Empire ont exacerbé jusqu’à la modernité que le XXe siècle guerrier a mise à nu. Théodore Géricault est le premier sur ce chemin périlleux. Il « exprime à travers ses études de chevaux, écrit Dominique Brême, directeur du musée du Domaine départemental de Sceaux, l’énergie animale qui nous habite aussi et nous domine. La puissante plasticité qu’il oppose à son obsession de la mort opère comme un véritable exorcisme ». À l’autre extrémité, c’est sur une abstraction au pastel d’un artiste méconnu que l’on s’arrête : les arcs et les angles d’une Composition vorticiste (1914) d’Henri Gaudier-Brzeska, mort l’année suivante sur le front à 24 ans. « Une étoile filante de la modernité » dont le musée d’Orléans conserve plus de mille dessins !

Photo : © M.Lombard

 

Élégance impériale

L’exposition L’Empire de la mode 1795-1815, à l’Atelier Grognard du 23 septembre au 8 janvier, s’inscrit dans les festivités dites du Jubilé impérial que la Ville de Rueil-Malmaison organise depuis dix ans autour du couple « riverain » de Napoléon et Joséphine. Il n’est pas indispensable d’être fervent bonapartiste pour en apprécier les atours – encore que cela ne nuise pas : on annonce en ville 800 soldats et 100 cavaliers pacifiques ainsi que 600 musiciens pour animer la semaine du 19 au 25 septembre devant plus de 100 000 spectateurs ! Des costumes, tous authentiques et présentés sur mannequins, il y en aura une soixantaine à l’Atelier Grognard : ceux de la plus importante collection au monde de vêtements du Premier Empire, constituée par Martin et Cristina Lancaster. Période on ne peut plus faste pour l’élégance, spécialement féminine, quand il s’agissait de draper librement les silhouettes et de relancer l’industrie française du luxe après l’âpreté de la Révolution.

Photo : © DR

Seconde nature

En ce qui concerne le paysage, le Musée d’art et d’histoire de Meudon est plutôt bien situé, dans son immense jardin voisin du Domaine national et de sa forêt. L’exposition Évasion : La peinture de paysage sort des réserves, du 10 septembre au 8 janvier, libère une cinquantaine de toiles, estampes et dessins, nous incitant à marcher dans ce paysage des artistes entre 1830 et 1950. Certains ont essayé de capturer la réalité alentour, d’autres de transcrire les fugaces effets de vent et de lumière, beaucoup ont tout simplement réinventé leur nature intérieure. Chacune des œuvres, au-delà de sa place dans une histoire de l’art aux accélérations soudaines durant la période, porte également le sceau de ses origines : comment va-t-on du chevalet de l’artiste aux cimaises – ou aux réserves – d’un musée ? L’exposition permet de suivre certains parcours. Pastels, aquarelles, gravures et dessins – dont certains en noir et blanc –, peinture sur le motif et peinture à la lisière de l’abstraction, l’art du paysage est devenu à Meudon une seconde nature.

Photo : © DR

Vivante extase

Sous-titrée « Seine du vivant, défense du vivant », la 5e édition des Extatiques, jusqu’au 2 octobre, fait affleurer à la surface minérale le soin de la nature. Pour la première fois cette année, David Moinard en assure la direction artistique : « Comme à mon habitude, je suis parti de l’observation géographique pour mettre en exergue le trait d’union évident entre les deux sites : la Seine ». De La Seine Musicale à l’esplanade de La Défense, il affirme son envie de « célébrer la seule chose qui vaille vraiment : le vivant ». Il faut absolument, durant les quelques semaines qui nous restent avant les souvenirs, aller déambuler entre les sculptures de plein air, les escaliers saisis par l’arc-en-ciel, les étonnantes incursions symboliques de l’animal dans le territoire citadin, prendre des nouvelles du vivant sur le mobilier urbain et croiser des chimères mi-faune, mi-flore. Et se répéter chemin faisant la citation du géographe Élisée Reclus : « Là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent ».

Photo : CD92/Willy Labre

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