Vue d'architecte du futur musée du Grand Siècle. © Rudy Rucciotti Architecte – Fayat Bâtiment
Posté dans grand projet

UN ÉCRIN PATRIMONIAL ET CONTEMPORAIN POUR LE MUSÉE DU GRAND SIÈCLE

Le Département a confié en juillet dernier la conception de ce nouvel établissement culturel à l’architecte Rudy Ricciotti. Le musée ouvrira ses portes en 2026 à Saint-Cloud.

Douceur et délicatesse ne correspondent pas forcément à l’idée que l’on se fait d’un bâtiment militaire et pourtant telle est l’ambition de Rudy Ricciotti à la caserne Sully de Saint-Cloud, construite au XIXe siècle et futur musée d’art et de civilisation consacré au Grand Siècle. L’architecte a été choisi par le Département pour concevoir le projet. À l’origine du département des arts au musée du Louvre ou encore du Mucem – Musée des civilisations d’Europe et de Méditerranée – de Marseille, il n’est novice, ni en matière de musée, ni – et c’est sans doute plus rare – de caserne. « C’est un grand et gros projet, mais un projet délicat. On imagine qu’une caserne est une épave de mémoire, sans ambition esthétique, je ne suis pas d’accord : il y a dans ce type de bâtiment une présence que l’on va garder et que l’on va faire parler », explique-t-il. La présentation du futur écrin du musée a eu lieu sur le site même de la caserne Sully, où ce grand projet culturel avait été annoncé en juin 2019. Il s’agit là d’une étape majeure après la signature en septembre 2020 de la donation au Département par Pierre Rosenberg, ancien président-directeur du musée du Louvre, d’une collection composée de 3 500 dessins et de près de 690 tableaux couvrant une période allant du XVIe siècle au milieu du XXe, socle des collections du futur musée. « Le musée du Grand Siècle est le dernier grand projet de Patrick Devedjian qu’il nous appartient de mener à son terme, rappelle le président du Département, Georges Siffredi. Je suis persuadé que ce choix architectural, audacieux et respectueux du site, est à la hauteur de l’idée qu’il se faisait de ce projet hors norme : ouvert, généreux, lumineux.  »

De gauche à droite, Denis Larghero, vice-président du Département chargé de l’attractivité du territoire, Georges Siffredi, Alexandre Gady directeur de la misson de préfiguration du musée et Rudy Ricciotti.©CD92/Willy Labre

Escalier monumental

La caserne Sully, implantée dans le bas du Domaine national de Saint-Cloud, ancien domaine royal duquel la parcelle a été détachée en 1825, est structurée par un grand bâtiment en L construit sous Charles X aux lignes pures en accord avec le Grand Siècle et par un pavillon des Officiers, dessiné dans le même style sous le Second Empire. « Le Département a souhaité réhabiliter ces deux bâtiments comme des monuments historiques, bien qu’ils ne soient pas protégés », explique Alexandre Gady, directeur de la Mission de préfiguration du musée. À l’intérieur du bâtiment Charles X les élégants piliers et arcades en pierre des anciennes écuries seront ainsi conservés. Le travail de l’architecte entre ensuite en jeu. La façade côté Seine, bordée par une terrasse accessible au public, sera traversée par un grand vestibule permettant de rejoindre le hall d’accueil dans la petite aile, qui s’ouvrira sur la cour d’honneur. Dans l’angle du bâtiment principal, Rudy Ricciotti a imaginé un escalier monumental à double révolution, dont les volées s’entrelaceront autour du vide, arête desservant 7 400 m2  d’espaces muséaux : d’une part le cabinet des collectionneurs, au rez-de-chaussée et à l’entresol, lieu intimiste où découvrir la collection Rosenberg dans son ensemble ; d’autre part les vingt-trois salles du musée du Grand Siècle à proprement parler, qui jouiront d’une grande hauteur sous plafond grâce à la suppression de deux étages sur les quatre existants. D’Henri IV à la Régence, le parcours, thématique et pédagogique, présentera la civilisation et l’art du XVIIe siècle français selon une approche pluridisciplinaire mêlant peinture, sculpture, mobiliers, objets d’art, arts graphiques… Quant au Pavillon des officiers, il abritera le centre de recherche Nicolas-Poussin dédié à l’étude du Grand Siècle, avec un cabinet de dessins, une bibliothèque ainsi que des espaces de travail et un auditorium.

Ce pavillon lumineux et ouvert sur les jardins associera rigueur classique en structure et enveloppe organique, évocation de l’exotisme rêvé par le Grand Siècle.©© Rudy Rucciotti Architecte – Fayat Bâtiment

Belvédère contemporain

À l’arrière du bâtiment principal, la destruction du bâtiment dit des Allemands, sans intérêt patrimonial particulier, permettra de faire « respirer le site », de dégager des vues et de libérer le terrain nécessaire à la construction du Belvédère. Donnant à la fois sur la Seine et sur le parc de Saint-Cloud, ce pavillon contemporain de 1 300 m2 auquel Rudy Ricciotti a donné des allures de pergola, enveloppé et soutenu par de « grands arbres » ouvragés en béton blanc, répondra par sa légéreté aux volumes imposants de la caserne. « C’est un projet délicat et féminin qui cache ses muscles et ses efforts. Pour arriver à autant de grâce, il a fallu un combat scientifique et mathématique : ce béton fibré ultraperformant appelle tout le savoir-faire de l’ingénierie française au plus haut niveau », explique l’architecte. Ce Belvédère accueillera en hauteur restaurant gastronomique et cafétéria et desservira par une galerie, ornée de péristyles rappelant le Petit Trianon, une série d’espaces situés « sous la ligne de flottaison en sous-sol » : salles d’exposition temporaire ou de médiation, auditorium, espaces immersifs pour profiter de reconstitutions 3D ou d’incursions numériques dans le détail des tableaux…

La connexion du site avec le parc de Saint-Cloud sera rétablie grâce à deux nouveaux accès.

Dans la continuité des collections, cette partie sud du site accueillera une série de jardins, représentatifs des centres d’intérêt du Grand Siècle tels que l’exploration naturaliste – jardin à la française, potager, curiosités botaniques, planches de la révolution agricole, jardin des agrumes – tandis que la connexion avec le parc de Saint-Cloud sera rétablie grâce à deux nouveaux accès. Au nord, la place Clemenceau sera aménagée de manière à former un parvis piéton, marquant l’entrée du musée depuis la ville dans le cadre de ce vaste projet à la fois architectural, paysager et urbain. « Ce musée, grand équipement culturel de cette mandature, viendra enrichir l’offre de la Vallée de la Culture que de grands noms de l’architecture ont déjà marqué de leur empreinte, souligne Georges Siffredi. Il est un témoignage supplémentaire de notre volonté de transmettre la culture au plus grand nombre. » Le chantier prévu pour durer trois ans ne débutera toutefois qu’en mars prochain, après des fouilles archéologiques. Celles-ci seront ouvertes au public à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, les 17 et 18 septembre prochains. 

Pauline Vinatier
museedugrandsiecle.hauts-de-seine.fr

Le Département sollicite l’appellation Musée de France

C’est une dénomination qui mettra le futur musée au même rang que les plus grandes institutions culturelles. Début juillet, le Département a sollicité l’appellation Musée de France auprès du ministère de la Culture. Elle permettrait au musée de bénéficier de subventions pour l’ensemble de ses activités, du droit de préemption de l’État pour accompagner sa politique d’acquisition ou encore de dépôts négociés avec les musées nationaux…

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