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Les bâtiments départementaux se réinventent

Hauts-de-Seine et Yvelines lancent une stratégie commune de performance environnementale pour l’ensemble de leur patrimoine immobilier. Objectif : réduire la consommation d’énergie des bâtiments, de leur construction jusqu’à leur fin de vie.

Près de 45 % de la consommation d’énergie et 25 % des émissions de gaz à effet de serre : c’est ce que représente aujourd’hui le secteur du bâtiment en France. « La performance énergétique des bâtiments, secteur très énergivore et émetteur de CO2, constitue un axe majeur d’action », estime Georges Siffredi, le président du Département. De ce constat est ainsi née en 2019 une stratégie interdépartementale de performance environnementale menée par les Yvelines et les Hauts-de-Seine, dont les directions du bâtiment se sont unifiées en 2018. « Nous étions déjà assez engagés sur les sujets énergétiques mais moins sur les sujets environnementaux au sens large, comme la biodiversité ou le réemploi de matériaux. Notre démarche est ambitieuse », explique Frédéric Moulin, directeur interdépartemental des bâtiments. Cette stratégie concerne non seulement les constructions neuves mais également l’aménagement des bâtiments existants afin d’améliorer sans attendre la reconstruction.

Matériaux bio-sourcés

Plusieurs bâtiments récemment construits par le Département répondent déjà à différents labels et certifications et visent un haut niveau de performance énergétique. Mais les deux collectivités veulent aller plus loin en mettant au point leur propre référentiel de « Qualité Environnementale des Bâtiments » qui vise une approche plus globale de l’impact environnemental des constructions et adaptée au contexte local. Cette démarche permet de systématiser les projets exemplaires, sobres en énergie et bas carbone (avec un objectif minimum de niveau dit « E3C1 »), et d’insister sur la réduction de l’empreinte carbone des bâtiments. Place donc aux matériaux dits « bio-sourcés » – c’est-à-dire issus de la matière organique renouvelable. Parmi les types de bâtiments visés, les collèges, qui représentent 20 % de l’impact carbone global de la collectivité. La durée de vie estimée d’un établissement est de cinquante ans, pendant lesquels un bâtiment de 8 000 m2 va rejeter seize mille tonnes de CO2, d’où la volonté de rendre ce demi-siècle le moins impactant possible pour l’environnement. Ainsi, les dix prochains établissements construits dans les Hauts-de-Seine le seront en privilégiant des matériaux vertueux, par exemple des structures en bois qui remplaceraient le béton. « Le bois est parfois invisible une fois le bâtiment livré car ce matériau est utilisé pour ses caractéristiques structurelles mais doit souvent être protégé des intempéries et donc recouvert par d’autres matériaux. Par contre, cela change tout au niveau du bilan carbone », poursuit Frédéric Moulin. Si le bois est le matériau le plus couramment cité, d’autres comme la paille, le chanvre, la terre crue ou la laine seront aussi utilisés. En favorisant ces matériaux dans leurs projets, les Hauts-de-Seine et les Yvelines souhaitent contribuer à structurer les filières concernées et permettre aux acteurs économiques de faire face à la hausse de volume nécessaire à cette transition environnementale du bâtiment.

Les derniers collèges livrés exploitent déjà au maximum la lumière naturelle.

Les deux Départements veulent également que leurs bâtiments soient exemplaires dès leur construction ou lors de leur réhabilitation. Les chantiers du bâtiment génèrent 42 millions de tonnes de déchets par an en France ; l’idée est donc de réduire cette masse et d’adopter des pratiques circulaires de réemploi des matériaux. « Il y a un travail assez fin de diagnostic des matériaux réutilisables sur le site-même du chantier ou dans le cadre d’un autre projet, explique Frédéric Moulin. Cela peut concerner également des équipements que l’on peut démonter puis réemployer ou reconditionner. » Un travail sur la modularité des locaux dans le temps est également mené. Ainsi, en fonction des besoins, des bureaux pourront se transformer en logements sans avoir à détruire les constructions existantes…

Confort d’usage

Une fois les bâtiments construits ou réhabilités selon ces nouvelles exigences, il s’agit de s’y sentir bien. C’est l’autre axe de cette stratégie environnementale. Les deux Départements ont donc travaillé sur le confort thermique, la qualité de l’air intérieur ou encore la qualité acoustique et visuelle. Les derniers collèges livrés exploitent d’ailleurs déjà au maximum la lumière naturelle. « Nous traitions déjà ces sujets mais l’idée est de les systématiser avec de fortes exigences de qualité. Dès la conception, nous allons pousser nos équipes d’architectes vers des solutions qui n’étaient pas des solutions standard », poursuit Frédéric Moulin. L’idée est de tendre vers des bâtiments plus sobres en énergie et des systèmes plus passifs et plus low tech avec moins de maintenance, comme par exemple en faisant le choix d’un bâtiment mieux orienté et protégé du soleil plutôt qu’une climatisation. Autre sujet qui participe au bien-être des usagers, celui des ondes électromagnétiques dont la réglementation reste aujourd’hui encore peu prescriptive. « Les locaux les plus sensibles, ceux qui accueillent les élèves dans les collèges ou les enfants dans les PMI par exemple, seront éloignés des salles de production d’ondes comme les locaux techniques. Cela impactera également les choix d’implantation de nos sites qu’on évitera de mettre à proximité de sources d’ondes », reprend Frédéric Moulin.

Initiée en 2019, cette stratégie interdépartementale est en œuvre de manière systématique depuis le début de l’année sur tous les projets départementaux (collèges, pôles sociaux, bureaux…), neufs ou en réhabilitation, comme par exemple le futur cinquième collège d’Asnières ou encore la reconstruction des collèges Alfred-de-Vigny à Courbevoie et Claude-Nicolas-Ledoux au Plessis-Robinson. À chaque fois que cela est possible, les projets déjà engagés sont également adaptés pour tendre vers ces nouveaux standards. Les premiers bâtiments qui suivent cette méthodologie devraient donc être livrés à partir de 2023. Objectif : réduire de 40 % l’impact carbone de ces nouvelles constructions par rapport aux constructions actuelles. 

Mélanie Le Beller

 

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