© CD92/Willy Labre
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Isaïa Cordinier

À vingt-quatre ans, l’arrière et capitaine de Nanterre 92, le club de basket des Hauts-de-Seine, connaît une saison des plus abouties avec ses débuts en équipe de France.

Il y a ceux pour qui l’année 2020 a apporté son lot de galères. Et puis il y a Isaïa Cordinier. Plus de quatorze points et six rebonds en moyenne par match, quatre premières sélections en équipe de France : l’arrière de Nanterre 92, qui vient de fêter ses vingt-quatre ans, enchaîne les bonnes performances pour sa huitième année sur les parquets de Jeep Elite, l’ex Pro A, et de Pro B. « La saison est pour l’instant satisfaisante car on gagne des matchs mais à cause du contexte sanitaire, tout est un peu en dents de scie », atténue le joueur, en manque « d’osmose avec le public » dans un championnat qui se déroule pour le moment surtout à huis clos au Palais des Sports de Nanterre. « Mais quand on est sportif de haut niveau, on doit avoir cette force mentale qui nous aide à nous adapter… »

Bande de potes

Chez les Cordinier, « cette force mentale » s’inculque dès le plus jeune âge. Fils de handballeurs – son père Stéphane a joué en équipe de France et participé aux Jeux Olympiques – frère d’une basketteuse actuellement en formation aux États-Unis, Isaïa a baigné très tôt dans l’excellence sportive. « J’ai compris très rapidement l’exigence, la discipline et la rigueur qu’il fallait pour évoluer au haut niveau. Ces bases que mes parents m’ont inculquées me dirigent encore aujourd’hui. J’ai une certaine éthique de travail et beaucoup de mental et ça, c’est une chance. » Attiré par le « l’esprit et le showtime à l’américaine », le joueur, né à Créteil et d’origine martiniquaise, troque très vite sa chasuble de hand contre un ballon orange. Dans ses rêves, il met des trois points sur les mêmes parquets qu’Allen Iverson et Carmelo Anthony, ses deux idoles. En attendant, il intègre le centre de formation d’Antibes, sa « première maison ». « J’y ai construit des relations avec ceux qui restent aujourd’hui mes trois meilleurs amis. Ça a vraiment été mes plus belles années avec une bande de potes qui jouaient ensemble et essayaient de gagner le plus de matchs possible. »

Jouer libéré

En 2014, première croisée des chemins pour l’arrière. Pour gagner en expérience et en temps de jeu, Isaïa décide de signer en deuxième division. « J’ai fait deux ans en Pro B (à Evreux et Denain, NDLR) qui m’ont bien préparé au plus haut niveau car c’est un championnat avec beaucoup de contact et d’intensité. Il ne faut pas avoir peur de descendre d’un étage pour mieux remonter. D’autres joueurs l’ont fait. C’est très formateur. »

En 2016, il a vingt ans mais sa carrière pro est déjà toute tracée dans sa tête : cette saison sera celle de la draft en NBA. Cet événement annuel est LA porte d’entrée dans le plus prestigieux championnat au monde. « C’était vraiment l’objectif que je voulais atteindre cette saison-là. Il faut savoir saisir sa chance quand on a une bonne cote et la hype au moment présent. » Isaïa est choisi en 44e position par les Hawks d’Atlanta, insuffisant néanmoins pour lui permettre de signer un contrat avec une franchise. Il rejoint de nouveau Antibes, cette fois-ci dans le groupe professionnel.

La philosophie de ce club très familial et le plan de jeu qui s’appuie sur les qualités des joueurs me correspondaient tout à fait.

JO et NBA

Deuxième croisée des chemins en 2017. Diminué par des tendinites à répétition, Isaïa Cordinier prend la décision de se faire opérer et de s’éloigner des terrains pendant près d’un an. « Ça n’a jamais été un coup du sort. Si je voulais atteindre les objectifs que je m’étais fixés, il fallait être en pleine possession de mes moyens. » Là encore, le choix est le bon puisque les sensations reviennent très vite, en quelques semaines. Désormais, Isaïa joue libéré et termine sa saison en trombe. Antibes descendant en Pro B, le joueur veut rebondir dans un club qui comble ses ambitions européennes. Nanterre 92 s’avance avec ses arguments, il est séduit. « C’était le meilleur projet pour moi pour m’épanouir, me développer et me donner ma chance. La philosophie de ce club très familial et le plan de jeu qui s’appuie sur les qualités des joueurs me correspondaient tout à fait. » Cette année, pour sa deuxième saison en vert et blanc, Nanterre a fait une place de choix à son protégé en lui confiant le brassard de capitaine, une première pour lui à ce niveau.

Depuis février, la carrière d’Isaïa s’inscrit également sous le maillot bleu de l’équipe de France. En tant qu’arrière, la concurrence est rude derrière Nando de Colo et Evan Fournier. « Mais quand on a goûté aux premières sélections, on veut faire des grandes compétitions et j’ai envie de jouer crânement ma chance. » Cet éternel insatisfait ne donne aucune limite à ses ambitions : cette année, les JO sont dans un coin de sa tête. Sans oublier la NBA, son rêve de gosse. Malgré son mètre 96, Isaïa Cordinier veut grandir, encore. 

Mélanie Le Beller
www.nanterre92.com

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