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Les Mariannes saisissent la balle au bond

À l’aube de sa dixième saison consécutive en Ligue A féminine de volley-ball, le Stade Français Paris Saint-Cloud peut s’appuyer sur un vivier de jeunes joueuses grâce à son centre de formation soutenu par le Département.

Les joueuses de volley du Stade Français Paris Saint-Cloud évoluent en Ligue A, le plus haut niveau national, depuis 2012.©CD92/Julia Brechler

À droite, à gauche ! Right, left ! » Les entraînements quotidiens donnent l’occasion à l’entraîneur Olivier Lardier de réviser la langue de Shakespeare. Quelques semaines après sa prise de fonction à la tête de l’équipe professionnelle, le coach récupère enfin la totalité de ses volleyeuses, jusque là éparpillées au gré des compétitions internationales. Les « Mariannes » de Paris Saint-Cloud entrent dans le vif du sujet et retrouvent le championnat avec une équipe presque entièrement remaniée. « Nous n’avons eu que trois semaines avec le groupe au complet avant la reprise. Le plus compliqué a donc été de créer une cohésion d’équipe mais nous avons fait en sorte de trouver des joueuses qui se connaissaient déjà, qui se sont croisées lors de leurs parcours respectifs. » Pendant l’été, le groupe a ainsi pris l’accent sud-américain puisqu’un trio de volleyeuses argentines a posé ses valises dans l’Ouest parisien, suivies par une Néerlandaise, une Américaine et deux Françaises. « C’est un groupe équilibré qui mélange joueuses expérimentées et plus jeunes. Notre force est moins physique que collective », poursuit l’entraîneur.

Un groupe armé pour une « LAF » – Ligue A féminine, le plus haut niveau national – que les « Mariannes » de Paris Saint-Cloud abordent avec une redoutable régularité puisqu’elles ne l’ont plus quittée depuis 2012. Le club, né en 2004 de la collaboration du Stade Français et de la ville de Saint-Cloud, a pris son nom actuel en 2013, devenant ainsi le Stade Français Paris Saint-Cloud. « Et ce surnom des Mariannes nous semblait être un bon symbole pour décrire l’engagement fort de ces jeunes femmes dans le volley-ball », se souvient Philippe Peters, le président, qui entame sa troisième saison à la tête du club. Avec sa femme, ce « sympathisant du volley » père de deux jeunes licenciées en amateur a décidé en 2019 de se lancer dans l’aventure alors que l’équipe professionnelle était menacée de relégation par manque de financements. « On s’est dit qu’on ne pouvait pas laisser faire ça. Il était indispensable de garder cette représentation du volley féminin en Île-de-France. » Aujourd’hui, la structure est composée de deux pôles, l’un amateur sous statut associatif avec ses équipes allant des tout-petits à la N2 féminine et l’autre professionnel avec la Ligue A. Deux entités bien distinctes mais entre elles, « une passerelle », comme aime à la décrire Philippe Peters : le Centre de formation du club professionnel (CFCP). C’est cette dernière structure que le Département soutient financièrement. « Il est d’une importance majeure sur les aspects économique, sportif et sociétal. Nous y investissons beaucoup de temps et d’énergie et notre ambition est d’avoir l’un tout des meilleurs centres de formation de club en France car il y a encore un fort potentiel de joueuses à découvrir », explique Philippe Peters.

Huit joueuses sont inscrites cette année au centre de formation du club professionnel.©CD92/Julia Brechler
Le centre de formation est le seul en Île-de-France pour la section féminine.©CD92/Julia Brechler

Antichambre

Cette année, huit joueuses sont engagées dans cette antichambre du monde professionnel. Pour elles, il s’agit de la dernière marche à gravir avant la signature d’un premier contrat. « Parmi ces joueuses, on retrouve deux profils, résume Samuel Elkaïm, l’entraîneur du CFCP depuis cette année. D’un côté des joueuses qui ont commencé le volley jeunes et qui possèdent un bagage technique, et de l’autre celles qui ont débuté sur le tard et qui sont plus performantes sur le plan physique. » À 18 ans, Noémie Secretant a suivi un parcours plutôt classique : elle débute le volley à l’âge de 11 ans à Fontenay-aux-Roses, s’inscrit deux ans plus tard à Paris Saint-Cloud avant de rentrer au Creps à Châtenay-Malabry tout en poursuivant les compétitions au Stade Français. « Pour moi, venir au centre de formation s’inscrivait dans la continuité », souligne l’attaquante et réceptionneuse. Jeune bachelière, elle a commencé en octobre sa première année de licence en sciences du langage et apprend à jongler entre les cours, un voire deux entraînements par jour et les matchs le week-end. « Cette année, c’est tout nouveau pour moi car je suis à temps plein avec les pros, je fais partie du groupe et je m’entraîne avec elles, donc je vais me confronter au haut niveau. »

On mise sur la régularité par rapport à nos concurrents directs : chaque faux pas peut coûter cher.

Concilier carrière sportive et cursus scolaire en toute sérénité, c’est tout l’enjeu pour le CFCP du Stade Français Paris Saint-Cloud, seule structure de ce type en Île-de-France pour le volley féminin. « Cette région représente un très gros vivier car les clubs forment bien les jeunes joueuses. À nous d’être attractifs en leur proposant le meilleur parcours sportif et scolaire », poursuit Samuel Elkaïm. Car même si l’immersion dans le monde du sport est totale, le club n’en oublie pas pour autant les études. Pour assurer la double formation, le quotidien est facilité avec des horaires de cours aménagés et un logement à proximité du lieu d’entraînement. « Nous nous assurons que les projets scolaire et sportif fonctionnent bien en faisant des points réguliers avec les joueuses et les différents entraîneurs et en vérifiant si les cours sont suivis et les examens passés, rappelle Chrystèle Sibilla, directrice du CFCP. On a de la chance car les parents sont derrière et ce sont des filles avec des résultats brillants qui suivent des cursus à Science Po, en école d’ingénieurs ou à l’université. »

À la fin de l’entraînement, Jade Cholet enchaîne avec les étirements. La réceptionneuse de 21 ans est arrivée cette année de l’Institut fédéral de volley-ball, une structure de la Fédération basée au Creps de Toulouse. Cette année, elle participe à tous les entraînements et les matchs avec l’équipe professionnelle, tout en suivant en parallèle des études en troisième année de licence d’histoire. « Je reçois mes cours chez moi et je me rends juste deux fois par an sur place pour mes examens. J’ai toujours procédé comme ça, cela me permet de m’organiser toute seule. » Une jeune pousse du volley peut entrer dès l’âge de 16 ans au centre, en signant un contrat de deux à trois ans renouvelables. « Nos joueuses ont toutes des particularités et cherchent le maximum de leur potentiel. Ce sont des filles bien structurées qui sont aussi soutenues avec des préparateurs mentaux qui les aident dans les périodes de  » moins bien  » », souligne Samuel Elkaïm. En attendant d’entrer dans le monde du haut niveau et d’affronter ses exigences, certaines jeunes filles jouent dans l’équipe réserve de N2 et constituent un vivier dans lequel l’entraîneur vient puiser. « La formation a été bien faite mais il y a maintenant un autre cap physique à passer, explique Olivier Lardier. En tout cas, nous avons plusieurs profils à potentiel sur lesquels nous appuyer. » Et, qui sait, dans quelques années, seront-elles des cadres des « Mariannes » ? « Pour nous, ce sont en tout cas déjà des joueuses comme les autres, estime de son côté Maria-José Corral – dite « Majo » – la capitaine des pros qui entame sa deuxième saison à Paris Saint-Cloud. Pendant l’intersaison, il nous manquait des joueuses pour les matchs amicaux : grâce au centre de formation, nous avons réussi à nous mettre dans de bonnes conditions. »

Avec un effectif largement remanié et emmené par la capitaine Maria-José Corral, les Mariannes visent le Top 8 du championnat, synonyme de play-offs.©CD92/Julia Brechler
Les joueuses du centre de formation jonglent entre études, entraînements et matchs. Dans le groupe, trois sont pleinement intégrées à l’équipe professionnelle.©CD92/Julia Brechler

Objectif Top 8

Après deux saisons plus difficiles, le club est reparti cette année avec des ambitions claires : figurer dans le Top 8, synonyme de play-offs. « Le championnat s’est densifié et aujourd’hui, il y a quatre équipes au-dessus des autres. Les quatre autres places des play-offs se jouent entre huit autres équipes et tout le monde peut battre tout le monde, analyse Olivier Lardier. On mise donc sur la régularité par rapport à nos concurrents directs : chaque faux pas peut coûter cher pour le classement final. » Surtout, le club voit plus loin, veut se structurer et doubler son budget, actuellement autour de 800 000 euros là où les « grosses » équipes fonctionnent avec le double. Se développer donc, mais sans se renier, en gardant son esprit « petite famille ». « Ici, tout le monde est proche, constate Maria-José Corral. Tout est fait pour nous faire sentir comme à la maison. »

Philippe Peters le sait, le développement de son club passera également par une nouvelle salle aux normes européennes et avec une plus grande capacité. Cet équipement contribuera à faire grandir un volley féminin qui peine encore à marcher dans les pas de celui des hommes, fraîchement médaillés d’or à Tokyo. « On aimerait beaucoup avoir quelques joueuses de chez nous appelées en équipe de France ou quelques joueuses internationales. Nous sommes très contents que les Jeux se fassent à Paris, conclut Philippe Peters. Nous sommes prêts à rendre un peu de ce que ce sport nous a apporté. » 

Mélanie Le Beller
www.les-mariannes.fr

 

 

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