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Sèvres, l’excellence française

La Manufacture est à la fois un conservatoire de savoir-faire hérités de ses 280 ans d’histoire et un acteur important de la création artistique, du design et des arts décoratifs. Cette institution publique atypique réunit aujourd’hui une trentaine de métiers dans un subtil équilibre entre tradition et modernité.

Textes : Mélanie Le Beller – Photos : Willy Labre

Avec ses arêtes qui dessinent un volume fictif, sous espace dans l’immense espace ouvert du parvis, la structure lumineuse en acier jaune du tandem Robert Stadler et TF Urban crée une étrange sensation de dehors-dedans. Cette forme « générique » dépouillée, épurée, n’offre ni assise, ni abri, seulement un espace naturel de rencontre. Elle entoure la poésie d’une pause quotidienne, de jour comme de nuit, mais reste assez solide pour supporter les pressions et chocs du quotidien.

L’or pur à 24 carats est le métal précieux le plus utilisé à Sèvres. Réduit en poudre au laboratoire à partir d’un lingot, il a la particularité de sortir mat de la cuisson et doit donc être poli à l’atelier de brunissage pour révéler sa brillance grâce à la pierre d’agate ou d’hématite. C’est ici notamment qu’est finalisée la coupe Vieillard, remise chaque année au vainqueur du Tour de France.

Le grand atelier abrite notamment les métiers du calibrage. Lors de cette étape, on façonne les plats, assiettes et autres soucoupes d’abord au couteau en acier puis à la main afin de leur donner leur forme et dimension définitives. Après émaillage et décoration, ces quelques milliers de pièces produites chaque année sont destinées aux grandes institutions de l’État, ou bien offertes comme cadeaux protocolaires ou encore commercialisées dans les galeries à Sèvres et à Paris.

Après la cuisson qui l’aura réduite d’environ 15 %, cette pièce sera bientôt une petite table basse. A l’inverse du grand coulage, le petit coulage permet de réaliser des pièces qui ne sont pas de révolution (c’est à dire destinées au tournage) avant leur assemblage et leur retouche. La gamme des œuvres passant entre les mains des artisans de cet atelier est large mais la majorité sont aujourd’hui contemporaines.

Il s’agit de l’un des ateliers les plus anciens de la Manufacture, apparu dès 1740. De la plus petite tasse au plus grand des vases, les pièces peintes à la décoration le sont avec la plus grande précision. La poudre colorée est mélangée à de l’huile et de l’essence de térébenthine avec des proportions bien étudiées : plus la pâte obtenue est grasse, mieux elle s’étalera et permettra donc de napper de plus grandes surfaces.

Dans l’atelier de moulage-reparage, on sait aussi « pastiller », c’est-à-dire fabriquer à la main, pétale par pétale, les nombreuses fleurs qui ornent ensuite vases et autres sculptures. Cette technique du XVIIIe siècle était très appréciée de la marquise de Pompadour qui aimait à se faire confectionner des bouquets de fleurs en céramique. Mais elle peut tout aussi bien servir à illustrer des scènes pastorales ou décorer des œuvres plus contemporaines.

Environ trois cents moules sortent chaque année de l’atelier du plâtre, du plus imposant à ceux-ci. Alors qu’après le tournage et le calibrage, certaines pièces partent directement en cuisson, d’autres reçoivent à l’atelier de garnissage leurs becs ou leurs anses qui sont collés grâce à une « barbotine », une pâte de porcelaine délayée avec de l’eau.

Dans la salle des couleurs, toutes les poudres sont destinées à fabriquer les peintures pour décorer les pièces. Elles se divisent en deux catégories : les couleurs dites de grand ou de petit feu, selon qu’elles sont cuites au dessus ou en dessous de 1100 °C. Outre la plus célèbre, le bleu de Sèvres, la palette unique de  Manufacture compte aujourd’hui plus de 1 000 couleurs élaborées in situ par le laboratoire.

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