© Laurent Duvoux
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UNE MAISON POUR INVENTER L’AVENIR

À Nanterre, la Maison de l’Avenir proposera une prise en charge innovante et pluridisciplinaire des adolescents confiés au Département. Ouverture progressive dès la fin 2023.

Près de 40 % des enfants placés ont besoin de soins psychologiques à cause des souffrances liées à l’abandon ou la défaillance des parents, explique le professeur en pédopsychiatrie Marcel Rufo, chargé par le président du Département d’une réflexion sur cette nouvelle structure. Mais il y a également une autre notion : 40 % des jeunes de l’ASE travaillent bien en classe mais n’ont pas le parcours universitaire et scolaire qu’ils pourraient avoir car ils sont souvent orientés vers des filières courtes pour les rendre plus vite autonomes. Notre projet vise à permettre aux enfants placés de connaître des réussites équivalentes à celles des autres enfants. »

Inédite, la « Maison de l’Avenir » abritera une Mecs (Maison d’enfants à caractère social), un foyer de trente places pour des jeunes adolescents âgés de 12 à 18 ans qui font l’objet d’une mesure de placement. L’hébergement sera le plus chaleureux possible pour se rapprocher d’un modèle familial classique avec de petites unités de vie de cinq places avec chambres individuelles équipées de salles de bains et d’espaces collectifs.

Modèle familial

Ces internes cohabiteront dans un accueil de jour avec quarante externes qui font l’objet d’une mesure d’assistance éducative préventive sans pour autant être placés. Tous ces adolescents seront accueillis hors temps scolaire pour bénéficier d’un accompagnement pédagogique renforcé, avec du soutien scolaire proposé par des étudiants ou des retraités de l’Éducation nationale ainsi que des projets pédagogiques ludiques en groupe. La dimension pluridisciplinaire du lieu prend ici tout son sens puisque l’établissement encouragera également la pratique régulière d’une activité sportive ou culturelle dans un club ou une association locale. « Il faut égaliser les moyens pour que ces enfants aient les mêmes chances que les autres. Nous pourrions mettre en place des conventions avec les lieux artistiques et sportifs aux alentours. La vie ce n’est pas uniquement le dedans. L’externe peut aider l’interne et à chaque fois qu’on ouvre l’intérieur, cela amène de la normalité », précise Marcel Rufo. Des activités pourront également avoir lieu sur place, le projet architectural prévoyant un studio de musique, une salle d’activités manuelles, une cuisine pédagogique et des espaces extérieurs.

Soins psychologiques

Enfin, cette Maison de l’Avenir abritera une unité de soins médico-psychologiques qui permettra une prise en charge sanitaire de ces enfants confrontés à des carences éducatives et affectives importantes. Le secteur est actuellement saturé avec une liste d’attente de six mois pour obtenir une place. Pour Marcel Rufo, cette Maison de l’Avenir devra aussi être un lieu chaleureux, confortable et agréable à vivre : « Le beau soigne ! J’ai défendu cela tout au long de ma carrière. Je veux que les enfants bénéficient d’une qualité esthétique et architecturale, avec par exemple un joli espace de restauration et une belle bibliothèque. Ils auront ainsi le souvenir de cette beauté qui peut apaiser la douleur de leur placement. » L’ouverture sera progressive à partir de fin 2023 jusque début 2026. 

Mélanie Le Beller

Des alternatives au placement

Le Département veut aussi innover en matière de prévention des placements. Le soutien à domicile des parents en difficulté dans leurs missions éducatives par des professionnels peut leur permettre de mieux exercer leur rôle et ainsi de contribuer au bien-être des enfants. L’objectif est de développer les dispositifs d’aide éducative à domicile, avec un accompagnement renforcé des familles pour éviter chaque fois que c’est possible les placements en institution, bien souvent vécus comme des drames par les parents comme par les enfants

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