L'accueil du service de Protection médicale et infantile au pôle social départemental d'Asnières/Gennevilliers. CD92/Julia Brechler
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À ASNIÈRES-GENNEVILLIERS, LA SOLIDARITÉ 360°

Le nouveau pôle social départemental met en œuvre depuis mai dernier tous les axes de la politique départementale des solidarités.

Le pôle social départemental de Châtenay-Malabry.©CD92/Julia Brechler

Agitant ses bouclettes brunes, Yasmine joue à la poupée qui fait non. « On est plus tranquille avec les nourrissons », sourit le Dr Haineaux, chargée de vacciner, non sans ruse, la fillette d’un an et demi. Pas née de la dernière pluie, celle-ci ne se laisse pas abuser par ses diversions. Deux pansements plus tard, la revoilà qui gambade. « Je suis venue ici parce que les pédiatres sont saturés, il est difficile d’obtenir un rendez-vous, explique la maman, qui apprécie le suivi informatisé de la vaccination dans cette PMI, un service de Protection maternelle infantile. En cabinet, la procédure n’est pas aussi carrée. À l’approche des rappels, les parents sont moins rassurés… » Implanté au cœur des Hauts d’Asnières, à moins de cinq minutes à pied de son domicile, le nouveau pôle social d’Asnières-Gennevilliers tombait à pic pour cette mère de famille. « Même si les activités sont plus cadrées qu’en cabinet de ville, exercer la médecine ici est extrêmement enrichissant, souligne le Dr Haineaux. Nous suivons gratuitement tous les enfants âgés de 0 à 6 ans, en assurant des consultations de 30 à 40 minutes, afin d’épauler les jeunes parents. » Si certaines familles, hébergées dans les hôtels du 115, sont frappées par la précarité, d’autres sont attirées par l’accessibilité de ce pôle, proche des transports en commun, et viennent quérir de bons conseils sur l’alimentation, le sommeil ou l’éducation de leurs poupons. « Notre planning de rendez-vous est très chargé ces prochaines semaines, explique Isabelle Decaux, auxiliaire de puériculture. Mais on peut toujours se présenter spontanément : tous les bébés y seront reçus pour la pesée. » 

Deux sages-femmes assurent le suivi de grossesse et les soins gynécologiques.©CD92/Julia Brechler

Regards croisés

La prise de cet indice clef pour s’assurer de la bonne santé des nouveau-nés occupe une grande partie des activités de la PMI. Obligatoire, elle doit être réalisée dans les jours qui suivent l’accouchement. Au creux des bras de son père, emmitouflée dans un body en éponge bien épais, Khadija, née depuis à peine une semaine, a décroché un premier tampon sur son carnet de santé. « Cela m’a permis de découvrir le lieu, confie sa mère Koumba, tout sourire. Ici, tout est convivial, avec plein de jouets pour les enfants. Le personnel est aussi à l’écoute : j’ai pu me confier sur ma grossesse et l’accouchement. » Orientés par la maternité, le bouche-à-oreille ou le Département lui-même, les jeunes parents peuvent profiter sur place de l’expertise de médecins, d’infirmières puéricultrices, d’éducatrices de jeunes enfants ou d’auxiliaires de puériculture. Inauguré le 6 juin dernier, cet équipement a permis de réunir en un lieu unique les personnels de trois sites autrefois dispersés : la PMI et le centre de santé sexuelle des Mourinoux, le service des solidarités territoriales (SST) de la rue des Parisiens à Asnières-sur-Seine et l’espace administratif implanté rue Calmel à Gennevilliers. Son périmètre d’intervention couvre les deux villes d’Asnières-sur-Seine et de Gennevilliers et se situe à proximité de plusieurs quartiers de la politique de la ville, dont les Courtilles et les Agnettes, à Gennevilliers et les Hauts d’Asnières-sur-Seine. « Rassembler ces activités permet d’apporter aux usagers un regard croisé de professionnels sur leurs difficultés, explique Véronique Bouchardon, directrice du pôle. Nous avons vite été repérés par la population, ce qui nous a permis de prendre efficacement le relais des structures replacées et de favoriser l’accès aux droits, aux démarches numériques, à la médecine infantile ou au centre de santé sexuelle. »

L’intérêt retrouvé des professionnels pour le pôle social est déjà palpable.

Accompagnement social

Au 2e étage, réservé à l’accueil social, les gestionnaires d’offre de services (GOS) reçoivent les habitants les plus fragiles, souvent déboussolés par la complexité des démarches administratives. Quelques données suffisent à les orienter vers l’interlocuteur idoine ou vers un autre organisme. Ce matin-là, un retraité, des brassées de papiers à la main, peut compter sur l’assistance d’un agent pour remplir une procédure dématérialisée. Sous la menace d’une expulsion, Catherine* rencontre Cécile Hauterville pour dégripper un imbroglio administratif et judiciaire qui traîne depuis cinq ans entre elle et son bailleur. « Lorsqu’une personne, comme cette dame, a accumulé une dette locative et se retrouve poussée hors de son domicile, nous sommes dans l’obligation de la recevoir, pour échafauder avec elle un plan pour l’en sortir, explique l’assistante sociale, qui multiplie les médiations avec la Caisse d’allocations familiales, la Sécurité sociale ou les bailleurs sociaux. Nous pouvons alors solliciter le fonds départemental de solidarité au logement. » Nombreux sont les usagers du pôle qui viennent dans l’espoir d’obtenir la délivrance d’une aide financière. Fonction de leur endettement ou des prestations sociales dont ils bénéficient déjà, « nous la leur accordons mais sous réserve d’assainir en parallèle leur situation financière, précise Cécile Hauterville. Car il faut établir un socle solide pour pouvoir reconstruire leur avenir. »

Le Dr Haineaux pratique au sein de la PMI une médecine essentiellement préventive.©CD92/Julia Brechler

Campagne de recrutement

Accrue par la crise sanitaire, l’érosion du nombre de professionnels exerçant, comme elle, dans le secteur social et médico-social est une donnée à prendre en compte. Néanmoins, à la faveur d’une campagne d’information et de recrutement initiée il y a un an par le Département, l’intérêt retrouvé des professionnels pour rejoindre le pôle social est déjà palpable au sein du site d’Asnières-Gennevilliers. « En plus de quatre apprentis, nous comptons, depuis la rentrée de septembre, cinq recrues, auxquelles se sont ajoutées une nouvelle éducatrice spécialisée et une éducatrice de jeunes enfants, début octobre, se réjouit Véronique Bouchardon. Parmi elles, des travailleurs sociaux et des infirmières mais aussi deux cadres, un responsable de l’unité Accueil et un cadre référent protection de l’enfance. » 

Ayant acquis un savoir-faire technique et juridique, ceux-ci s’avèrent indispensables à la résolution de situations complexes ou à la préparation d’audiences pour mineurs, auxquels sont amenés à participer les travailleurs sociaux conjointement avec les infirmières puéricultrices de la PMI. Cette collaboration s’avère plus facile à envisager dans la configuration d’un pôle intégré, où chaque agent travaille au contact des autres. « Dans cet environnement, les professionnels se sentent davantage valorisés dans leurs compétences métier », explique Oralia Fernandez, éducatrice de jeunes enfants. Après l’inauguration, le 8 novembre, du nouveau pôle social d’Issy-les-Moulineaux, des équipements similaires seront ouverts l’an prochain à Antony et à Clichy. 

Nicolas Gomont
*Le prénom a été modifié

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