Une visite à 360° du château de Fontainebleau depuis la residence autonomie de Puteaux. CD92/Olivier Ravoire
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AUTONOMIE, RÉALITÉS VIRTUELLES, BIENFAITS RÉEL

Le Département a commencé en juillet le déploiement de casques de réalité virtuelle dans 150 structures pour personnes âgées – 108 Ehpad et 42 résidences autonomie – des Hauts-de-Seine.

Plongée avec les baleines, balade avec les orangs-outans ou pêche arctique avec les ours blancs, les voyages sont choisis sur catalogue et le départ est immédiat. Annie, Serge, Monique et Anhaïd, 85 ans de moyenne d’âge, confortablement installés dans les fauteuils de la résidence autonomie de Puteaux, ont posé un casque de réalité virtuelle sur leurs yeux et des écouteurs sur leurs oreilles : cet après-midi, ils partent visiter le château de Fontainebleau. « Je voulais y aller depuis longtemps, j’adore, s’exclame Anhaïd. J’avais beaucoup aimé aussi le film sur les grands singes, c’est très impressionnant, j’aurais presque pu les prendre dans mes bras. » Monique confirme : « Tout me plaît, c’est un voyage. » Serge opine, ému : « Cela m’a rappelé le château de Versailles, j’ai travaillé vingt ans dans cette ville. » La séance a duré un quart d’heure, mais se prolonge bien au-delà : les résidents échangent, sourient, certains racontent leurs souvenirs du Futuroscope de Poitiers.

Baptisé « Projet Évasion », ce dispositif a été d’abord été testé à partir de juin 2020 dans quatre structures. Avec la crise Covid-19 et l’isolement des personnes âgées résidant en institution, la réalité augmentée, prévue à l’origine pour les collégiens, est devenue un outil pour adoucir le confinement. « Ces nouvelles technologies sont valorisantes pour les personnes agées, elles sont fières d’en parler à leurs enfants ou petits-enfants : c’est un vrai projet intergénérationnel, note Sylvie Buchot, chargée du dispositif au pôle Solidarités du Département. Le personnel a aussi observé une action bénéfique sur les troubles de l’anxiété. Certains étudient la possibilité de s’en servir lors de soins pour apaiser les patients ou atténuer les douleurs. On observe un grand engouement de la part des utilisateurs ! ».

Le projet englobe le matériel, le contenu, la solution informatique et le suivi par les services du Département.©CD92/Olivier Ravoire

L’installation est simple : une mallette, quatre casques, des fauteuils, un routeur wifi et « l’évasion » peut commencer. Pas de câbles ou de machinerie complexe à installer : « C’était un préalable important pour que le personnel puisse s’en emparer facilement et en tirer tous les bénéfices sans lui ajouter de travail supplémentaire, explique Farid Hamzi, chef de projet innovation à la direction de l’Éducation du Département. Pour nous, c’est très important que ces séances soient accompagnées, c’est un temps de partage, avec l’objectif de favoriser le lien social, la parole, de raviver les souvenirs ou l’envie de découvrir de nouvelles choses. »

« Je suis moi-même adepte de ces technologies 3D et je suis heureux que les résidents puissent les découvrir, raconte Jeff Guyon, responsable adjoint du pôle seniors de la résidence de Puteaux. Ici, ils aiment beaucoup les documentaires animaliers, très spectaculaires : le sujet occupe ensuite les conversations, c’est une source de convivialité et cela crée une dynamique. Cela ne remplace pas pour autant les sorties, c’est complémentaire. » Des visites – du musée du Louvre aux Folies Bergère – aux séances de relaxation en passant par les documentaires d’Arte, le choix est vaste pour s’évader.

Unique en France

En six mois, 650 casques vont être déployés dans les 150 structures pour personnes âgées – 108 Ehpad et 42 résidences autonomie – des Hauts-de-Seine. « C’est une initiative unique en France, explique Farid Hamzi. C’est un projet complexe qui englobe le matériel, le contenu proposé, la solution informatique et le suivi par nos services. » D’autres thématiques sont à l’étude comme réaliser des films 360° pour faire découvrir des concerts, des festivals, ou des lieux touristiques du territoire. « La réalité virtuelle n’est pas réservée au gaming ou au metaverse, confie Farid Hamzi. Nous réfléchissons à travailler aussi en milieu scolaire pour présenter des filières d’orientation en 360°, auprès des jeunes, notamment dans les établissements de l’Aide sociale à l’enfance, ou auprès des accueils de jour pour personnes handicapées, ou encore à des programmes à visée thérapeutique. Et nous imaginons permettre aux personnes âgées de participer virtuellement aux fêtes de famille. » Le Département a investi 6 M€ dans ce projet. 

Laurence De Schuytter

 

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