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Quand le collège vient à l’élève

CD92/Willy Labre

Depuis la rentrée, le Département met en place trois robots de téléprésence destinés aux collégiens qui ne peuvent se rendre en classe.

https://vimeo.com/360547197

Il est 13 h 30 en salle 214 du collège Paul-Éluard de Châtillon. C’est parti pour deux heures de cours d’histoire-géo sur le paléolithique. Parmi la trentaine d’élèves de cette classe de sixième, un collégien n’en perdra pas une miette malgré son absence : Enzo*, qui suit le cours à distance grâce à une machine un peu spéciale, une tablette montée sur roulettes à hauteur d’enfant qui se glisse facilement derrière une table et se faufile habilement dans les allées. Depuis septembre, Enzo a utilisé ce robot plus de dix heures.

L’établissement châtillonnais est un pionnier puisqu’il fait partie des trois collèges dans lesquels un robot de téléprésence a été mis à disposition par le Département – les deux autres se trouvant au collège Maison-Blanche à Clamart et François-Furet à Antony. « C’est une expérimentation à laquelle nous portons beaucoup d’intérêt dans le cadre de l’accompagnement de l’élève, explique le principal Alain Bocage. D’autres comme lui peuvent être concernés par ce robot donc nous sommes curieux de voir comment il fonctionne. » Ce robot, d’une valeur de 8 000 euros, est divisé en deux parties : la première – la tablette – reste dans l’établissement tandis que la seconde part au domicile de l’élève qui dispose d’un ordinateur portable à partir duquel il peut tout contrôler avec la souris ou les flèches directionnelles du clavier. Il voit ainsi deux écrans : l’un qui filme ce qui se passe en face de lui et l’autre au pied du robot afin d’éviter les obstacles au sol. De l’autre côté, dans la salle de classe, camarades et professeurs peuvent voir soit le visage du collégien soit un avatar personnalisable s’il n’a pas envie d’être visible. Cette machine, d’une autonomie de huit heures, dispose d’une base à laquelle il vient se raccorder pour se recharger et se connecte via le wifi de l’établissement ou par une carte 4G fournie. « Avec ces robots, nous allons désormais vers des élèves qui ont des besoins particuliers. L’école vient à la famille quand la famille ne peut venir à l’école », note Florence Sylvestre, responsable de l’Environnement numérique des collèges au conseil départemental.

Lien scolaire et social

Ce robot de téléprésence ne sert pas uniquement à suivre les cours mais aussi à recréer un lien entre l’élève empêché et ses camarades. « C’est non seulement un outil qui va permettre à l’élève de progresser à la maison mais qui va également lui permettre d’être en interaction avec ses camarades », explique Mariane Tanzi, directrice académique adjointe des Hauts-de-Seine. Le collégien pourra ainsi accompagner ses copains de classe dans la cour ou au restaurant scolaire. Il pourra même mener des travaux en groupe ou assister à des sorties. Enfin pour chaque robot, un référent a été choisi afin de s’occuper de l’appareil dans l’enceinte du collège, comme par exemple pour le faire changer d’étage ou le ramener à sa base. Cependant, le robot de téléprésence n’est pas le seul dispositif mis en place pour permettre de suivre l’école à distance ; un volet d’heures où les professeurs se déplacent au domicile de l’élève est prévu ainsi que la mise à disposition de certains cours sur l’ENT.

Cette expérimentation est menée depuis le mois de septembre et pour une durée d’un an, avant une éventuelle extension. Le dispositif monte peu à peu en puissance puisqu’en septembre, environ deux heures de cours avaient été données avec le robot (dans deux collèges) contre presque vingt-deux heures (sur trois établissements) en novembre. Il s’inscrit plus globalement dans la politique numérique départementale avec l’ENC (l’Environnement numérique des collèges) qui prévoit des dotations pour que les établissements puissent prendre le virage du numérique. « Ce robot de téléprésence renforce l’engagement du Département pour l’école inclusive, conclut Anne-Christine Bataille, conseillère départementale du canton de Châtillon. Cette mise en place est un moment émouvant et prometteur dans lequel l’élève a un rôle important à jouer. »

Mélanie Le Beller
* Le prénom a été modifié

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