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Les Extatiques sixième installation

L’été est la saison des Extatiques, la promenade artistique en plein air des Hauts-de-Seine, à Paris La Défense et La Seine Musicale.

En choisissant comme thème les quatre éléments – le feu, l’air, l’eau et la terre, malmenés par les dérèglements climatiques – Fabrice Bousteau, de retour dans le rôle de commissaire d’exposition, transforme l’angoisse de la sixième extinction de masse en sixième installation de l’imaginaire pour tous. Lancée en 2018 sur la dalle de Paris La Défense pour célébrer les 60 ans du quartier, l’exposition Les Extatiques a conquis à la fois son public – d’où que l’on vienne et qui que l’on soit, la balade mérite le détour – et de nouveaux espaces, intégrant depuis 2020 le toit-jardin de La Seine Musicale. Jusqu’au 1er octobre et pour la première fois, deux artistes sont invités à exposer une œuvre simultanément sur les deux sites afin de les lier symboliquement : le plasticien belge Bob Verschueren, qui « cueille, trie, assemble des éléments qu’il récolte dans l’espace environnant », et Philip Haas, artiste et réalisateur américain, s’inspirant des toiles d’Arcimboldo pour monter en 3D de gigantesques Quatre Saisons. « L’approche artistique porte ainsi sur les éléments naturels constitutifs des deux sites, précise Fabrice Bousteau : le béton, le métal ou le verre ; la minéralité ou la végétalisation ; l’eau ou le vent ; la musique ; la verticalité ; l’insularité… » Parmi les autres premiers noms cités lors du bouclage de ce numéro : Amélie Bertrand et ses artifices psychédéliques, Jérémy Gobé et son corail géant en béton écologique, l’Allemande Cornelia Konrads, magicienne du bois, l’Autrichien Erwin Wurm, manipulateur de formes et d’échelles.

Photo : © Corail Artefact

Monsieur Rose

Dans les rues de Clichy et au Pavillon Vendôme, invasion périphérique du mignonisme selon Philippe Katerine, jusqu’au 23 septembre.

Philippe Katerine, auteur, compositeur, chanteur, acteur et désormais plasticien, ne nous étouffe pas sous l’esprit de sérieux. Avec lui, ça passe ou ça casse, et les inconditionnels sont nombreux qui adorent sa fantaisie du n’importe quoi, son esprit d’enfance et d’autodérision. Avouant dessiner depuis tout petit, l’artiste « cherchait de l’air en plein confinement » quand une proposition d’exposition au Bon Marché à Paris l’incite à imaginer, pour ranger ses drôleries, un mouvement esthétique : le mignonisme. Qu’on serait bien en peine de définir académiquement, sinon comme la volonté de « trouver la beauté dans la laideur, et se l’approprier ». Ce pourrait être la devise d’un artiste qui constate, sourire en coin sous la moustache, que « c’est déjà énorme, d’être mignon ». Chacun verra le mignon à sa porte avec cette double exposition gratuite. Invasion périphérique est un parcours en plein air de neuf sculptures monumentales de l’icône « Monsieur Rose » – la même couleur que le pull acrylique du clip Louxor J’adore. Ça commence à Paris devant la Mairie du XVIIe, ça s’accroche au boulevard périphérique, et ça distribue six avatars dans Clichy, jusque dans la cour du Pavillon Vendôme. Où nous attend Mignonisme, acte III : dessins, peintures, sculptures et vidéos de Philippe Katerine, exposés pour la première fois dans un cadre muséal. Mais toujours avec les rouflaquettes qui frisent sous la calvitie désordonnée : « On gagnerait certainement à être plus souvent mignoniste. C’est dans ce sens que va ma proposition, simple et lisible : changer le monde ! »

Photo : © Gabriel de La Chapelle / Figure Agency

Un amour de collection…

L’idée est des plus délicieuses : offrir un autre « regard sur la collection » du musée des Avelines, à Saint-Cloud, en organisant des expositions thématiques où le visiteur se laisserait aller à la rêverie comme au sein d’une maison de collectionneur. Et connaît-on terrain plus rêveur que celui des Amours imaginaires, première exposition du genre, accessible jusqu’au 17 septembre ? L’esprit romanesque traverse chacun des quatre volets de la scénographie qui distribue, à la manière d’un abécédaire amoureux, 120 œuvres dont certaines sortent des réserves pour la première fois. Aux tourments de Passion, amours mythologiques et littéraires – Mars et Vénus, Roméo et Juliette, Orphée et Eurydice – répondent les parcs et jardins de Romance, promenades galantes. Et le contraste est brûlant entre les livres illustrés, naguère réservés aux « enfers » des bibliothèques – mais somme toute aujourd’hui fort convenables – de Fantaisie, la sensualité amoureuse et les portraits de Tendresse, amours filiales, dont une Vierge à l’Enfant siennoise du XIIIe siècle. 

Photo : Les Plaisirs des jardins, avant 1721 – © Ville de Saint-Cloud – Musée des Avelines / A. Bonnet

Poésie sur papier

Maintenant que le dessin affirme, dans les galeries et musées, sa propre valeur artistique, il est temps désormais de s’intéresser à sa matière première : le papier. Non plus comme support mais comme matériau à part entière. C’est ainsi que l’entend la Maison des arts d’Antony, qui a invité quatre artistes à célébrer Le papier dans l’art contemporain. « Toutes quatre se dépeignent davantage comme artisanes qu’artistes et partagent le goût de la texture, du toucher. » Les « p’tits papiers » découpés et collés de Nathalie Boutté forment à la surface de ses portraits un pelage d’une infinie patience. De pliage en pliage, les abstractions de Ferri Garcès, héritière de la tradition miniaturiste iranienne, semblent méditer sur le vivant. Les installations aériennes de Mathilde Nivet et la minutieuse orfèvrerie d’Anne-Charlotte Saliba hissent le modeste papier vers de hautes ambitions. On pourrait dire la même chose des quatre artistes réunies jusqu’au 16 juillet..

Photo : © jean-francois Rogeboz

L’autre Bonaparte

À force d’identifier le Domaine de Malmaison au premier couple Bonaparte, et tout particulièrement à Joséphine qui y demeura jusqu’à sa mort, on finirait par oublier la trace laissée par Louis-Napoléon Bonaparte dans la demeure de sa grand-mère. Fils d’Hortense de Beauharnais, la fille du premier mariage de Joséphine, Louis-Napoléon est d’abord un enfant qui conserve du lieu des souvenirs qu’il entreprend de raviver lorsqu’il le rachète en 1861. Louis-Napoléon, « l’autre Bonaparte », y fait œuvre d’historien et de conservateur de musée. « Sa première préoccupation, explique-t-on dans ce parcours d’exposition commémorant les 150 ans de sa mort, est de reconstituer la chambre de l’Impératrice à partir de documents authentiques, puis il fait restaurer et remeubler les appartements du rez-de-chaussée avec l’aide du garde-meuble de la Couronne. » L’Exposition universelle de 1867 contribuera également aux aménagements. Visible jusqu’au 31 décembre, le parcours recense dans les collections les pièces les plus emblématiques du rôle de Napoléon III. 

Photo : © RMN – Grand Palais – Franck Raux

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