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Secrets baroques

Avec Allegoria, tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les secrets de la peinture du Grand Siècle… Jusqu’au 14 janvier au Domaine départemental de Sceaux.

Coïncidant avec la fin des commémorations du centenaire de l’entrée du Parc de Sceaux dans le domaine public départemental, l’exposition Allegoria, les clés de la symbolique baroque est une belle surprise offerte par Dominique Brême, directeur du musée et commissaire de l’exposition. Avec son ambition de grandeur, la peinture du XVIIe siècle peut nous laisser à distance. Quand nous voyons ici un méchant vieillard barbu torturant un angelot, là une sainte pâmée, ou bien encore une figure illuminée entourée d’instruments scientifiques, le spécialiste, lui, décode les signes cachés et nous en révèle les secrets. Nous voilà en présence d’une allégorie : « la représentation d’une figure portant des attributs en relation avec l’idée qu’elle incarne », comme la définit Dominique Brême. Et l’affreux vieillard devient ainsi le Temps coupant les ailes de l’Amour, la sainte femme une allégorie de l’Espérance, les compas, livres et globes les attributs nécessaires à l’Astronomie ! À la fin du XVIe siècle, l’Italien Cesare Ripa avait publié un recueil de centaines de ces allégories « validées » dont les artistes useront comme d’un code universel. Sans guide aujourd’hui, nous serions incapables de lire ces allégories essentielles à l’époque – parce qu’elles « véhiculent toute la culture de l’Occident, de l’Antiquité au XVIIe siècle ». L’exposition, tout à la fois érudite et ludique, nous tient par le regard et la curiosité sur ce chemin qu’on aurait pu croire indéfrichable et que l’on débroussaille en famille avec jubilation. 

Photo : © DR

Poésie des ruines

La Maison des Arts d’Antony présente jusqu’au 24 décembre les photographies spectaculaires du duo Yves Marchand et Romain Meffre.

Au XVIIIe siècle, on était tellement épris de ruines que le peintre Hubert Robert s’en était fait une spécialité. Au XXIe siècle, la poésie des ruines n’a pas disparu, bien au contraire, au point de forger le néologisme « urbex » pour « exploration urbaine », cette aventure interdite et un brin dangereuse au pays des choses sur le point de disparaître. On ne la désignait pas encore ainsi quand Yves Marchand et Romain Meffre se sont rencontrés, il y a une vingtaine d’années. Ils visitent dans la clandestinité des ruines urbaines de leur proche environnement parisien et en rapportent des trophées photographiques spectaculaires. Le temps passe, les deux photographes explorateurs s’associent en duo, n’utilisant qu’un seul appareil pour consigner leurs regards : une chambre photographique 4 x 5 pouces, « le plus petit des grands formats », assurant la mobilité nécessaire à saisir leur paysage d’élection et une qualité de détail inconcevable avec un appareil numérique classique. Ce n’est pas l’urbex en soi qui les motive mais le témoignage architectural, social et poétique des lieux abandonnés qu’ils dénichent un peu partout dans le monde. Ruines industrielles de la région de Detroit dans le Michigan, île fantôme de Gunkanjima au Japon datant de l’ère du charbon, spectaculaires salles de spectacle en déréliction aux États-Unis ou, plus exotique encore, centaines de cours intérieures d’immeubles à Budapest, leur course à travers le présent, avant qu’il n’efface les traces du passé, relève d’un romantisme des ruines fascinant.

Photo : © Yves Marchand & Romain Meffre, Courtesy Polka Galerie

Peinture & musique

Quand on a la chance d’avoir eu sur son territoire une personnalité comme le compositeur Charles Gounod (1818-1893), les possibilités sont infinies pour célébrer une mémoire artistique particulièrement riche. C’est à cette évocation de Charles Gounod et les Beaux-Arts que le Musée des Avelines à Saint-Cloud se consacre jusqu’au 18 février, en suivant plusieurs chemins complémentaires. D’abord celui de l’entourage familial. Charles Gounod, fils de peintre et peintre débutant lui-même avant d’entrer dans la carrière musicale, devient par son mariage le beau-frère d’un autre peintre, Édouard Dubufe. Son propre fils, Jean Gounod, choisit la palette et les pinceaux. De proche en proche, c’est tout un univers d’artistes qui gravite autour du musicien. L’autre fil conducteur de l’exposition, c’est l’inspiration que la musique de Gounod offre aux peintres de son époque : ses opéras Sapho, Faust, Mireille, Roméo et Juliette provoquent une floraison d’œuvres, plus ou moins directement liées, que le musée illustre afin de compléter « la constellation artistique d’un musicien ».

Photo© Céline Vautey. Musée d’archéologie et des Beaux Arts

Utopies d’aujourd’hui

Elika Hedayat, formée à la communication visuelle dans son Iran natal, est passée en France par les Beaux-Arts dans l’atelier d’Annette Messager et par le studio des arts contemporains du Fresnoy à Tourcoing. En se référant, pour le titre de son exposition à la Maison des Arts de Malakoff, visible jusqu’au 10 décembre, au roman Les Dépossédés d’Ursula K. Le Guin, une des grandes plumes de l’utopie dans la science-fiction américaine, elle combine expérience et racines iraniennes avec les préoccupations contemporaines à propos de l’identité et de l’écologie. Étranges créatures dans d’étranges paysages, ses dépossédés appartiennent à un monde imaginaire, tout à la fois nourri et gangrené par l’utopie de la perfection, au point d’ouvrir sur le chaos. « Dans mes dessins, la figure humaine s’entremêle parfois à l’animal et l’animal au végétal. Le rapport au corps et au sexe, le pouvoir, la domination et la mutation sont les noyaux durs de mon travail ».

Photo : © Marie Boralevi

Voix de femmes

Très présentes dans la vie et les écrits de Chateaubriand sans toujours qu’on reconnaisse l’influence qu’elles ont eue sur le grand homme de la Vallée-aux-Loups, les femmes – la sœur, l’épouse, les maîtresses, les amies – font entendre leur voix dans une série de podcasts littéraires produite par Trois petits points et réalisée en partenariat avec le Département. Huit épisodes, d’une durée comprise entre 20 et 40 minutes, donnent la parole à des personnalités aux talents multiples réunies par la même admiration pour l’écrivain – à commencer par Anne Sudre, directrice de la Maison de Chateaubriand, qui s’attache en ouverture aux « femmes et aux lieux qui comptent », comme sa sœur Lucile à Combourg, ou Céleste son épouse à Châtenay. On entend également parler de Germaine de Staël par sa biographe Laurence de Cambronne, de Natalie de Noailles par l’académicien français Jean-Marie Rouart, de Juliette Récamier par Anne Dion-Tenenbaum, conservateur en chef au Louvre… Une élégante manière d’écouter la vie irriguer le travail de l’écrivain.

Photo : © A-Tableau(x)

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