Posté dans panorama

Oranges classiques

En entrant dans sa sixième décennie, le festival de l’Orangerie de Sceaux fait évoluer sa formule.

Il avait, avec les autres, disparu de l’horizon estival, mais le 51e festival aura bien lieu, en deux week-ends du 24 septembre au 4 octobre, revêtu désormais d’un label « Concerts de l’Orangerie » qui entend développer à terme des événements musicaux et des spectacles jeunesse dans le Domaine départemental de Sceaux. Un beau fruit nouveau en quelque sorte, attaché à un arbre plus vaste – même si l’orangerie qui l’accueille est plus une galerie d’art qu’un verger d’agrumes. Le pianiste et chef d’orchestre Jean-François Heisser, directeur artistique, est un fidèle du lieu ; il constitue avec Michel Dalberto l’un des deux piliers de cette édition du festival. Et avec tout le respect dû à ces jeunes aînés, le renouvellement concerne également les générations, sachant que la valeur n’attend pas… Le Quatuor Hermès, le Quatuor Arod, le Trio Zadig se font remarquer dans tous les concours et conquièrent le public international. En bousculant parfois le répertoire routinier de la musique de chambre : ici les Quatuors à cordes de Janáček, là le Quatuor avec piano de Mahler. Le programme de mélodies et d’airs d’opéra de la mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac joue entre autres avec l’élégance de Duparc et le pétillant d’Offenbach. L’accordéoniste Vincent Peirani et le violoncelliste François Salque rôdent sur les frontières du jazz. Quant au héros de l’année, Beethoven, on en attend variations de climats et sonates orageuses sous les doigts du pianiste Sélim Mazari, né il y a 28 ans à La Garenne-Colombes. 
Photo : D92/Jean-Luc Dolmaire

Albert Kahn à Paris

Paris 1910-1937, l’exposition à la Cité de l’architecture et du patrimoine, invite à une promenade parisienne dans les collections Albert-Kahn, en partenariat avec le musée départemental.

On le savait exotique, du moins par procuration : il faut désormais imaginer Albert Kahn parisien ! Riche, humaniste, sensible à l’air du temps qui soufflait par bourrasques sur son époque, Albert Kahn avait décidé de constituer les Archives de la Planète en envoyant à travers le monde ses opérateurs – des cinéastes-photographes – saisir sous la direction scientifique de Jean Brunhes un siècle en déséquilibre entre un long passé qui se fissurait et un futur décidément indéchiffrable. En couleurs pour la première fois, grâce aux autochromes inventés par les frères Lumière, et en images animées. Sur les 72 000 plaques photographiques rapportées en une trentaine d’années des bouts du monde, il en est environ 4 000 – plus une centaine d’heures de films – prises sur le pas de la porte : des vues de Paris entre 1910 et 1937, à la fois derniers vestiges historiques, avec ce que cela suppose de monuments mythiques et d’îlots insalubres, et premières briques des quartiers nouveaux gagnés sur les fortifications dans l’espérance des jours meilleurs. Souvent vides en raison des temps de pose, les clichés de ce Paris mutant résonnent étrangement, un siècle après, dans la mémoire de nos rues qui ont connu le confinement. À partir du 16 septembre et jusqu’au 12 janvier à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, place du Trocadéro et du 11-Novembre, Paris XVIe.
Photo : © Archives de la planète/Stéphane Passet

 

Les cinq du Val d’Aulnay

Feuilleter le registre des éditions passées du festival du Val d’Aulnay – « musique et patrimoine au cœur de Châtenay-Malabry » –, c’est un peu naviguer dans l’abécédaire de la musique française, du Quatuor Ardeo aux Quatuors Ysaÿe et Zaïde, et beaucoup écouter les générations de musiciens, du clarinettiste Michel Lethiec au pianiste Bertrand Chamayou. La 38e édition, qui aura attendu du 13 au 27 septembre pour se tenir, s’articule autour de cinq concerts et de cinq répertoires dans cinq lieux différents. Musique de chambre à l’Arboretum en compagnie du hautboïste Gabriel Pidoux, fils et petit-fils de musiciens, révélation aux Victoires de la musique classique 2020. Lumières de Broadway à La Piscine et Bach au violoncelle avec Marc Coppey et François Salque à l’église Saint-Germain. Camille Fonteneau et David Petrlik aux Violons virtuoses à Sainte-Bathilde. Et Un après-midi à l’opéra – à ciel ouvert – dans le parc de la Maison de Chateaubriand, avec les voix d’Hélène Walter, Cécile Éloir et Ronan Nédélec. Un air, ou mieux, cinq airs de vacances musicales prolongées…
Photo : ©DR

Goût français

Les grands travaux effectués dans le château du Domaine départemental de Sceaux – nécessaires à la sécurité du bâtiment et de ses visiteurs ainsi qu’à l’accueil des personnes à mobilité réduite – ont également bénéficié à l’esprit même du lieu. Et la réouverture au public du musée, le week-end des Journées européennes du Patrimoine, les 19 et 20 septembre, inaugure un nouveau parcours permanent au sein des collections, balisé par les quatre grandes familles qui ont « fait » Sceaux, au service « du goût français de Louis XIV à Napoléon III » : Jean-Baptiste Colbert et son fils, marquis de Seignelay ; le duc et la duchesse du Maine ; le duc et la duchesse de Penthièvre ; le duc et la duchesse de Trévise. L’itinéraire intérieur, en rendant lisibles la chronologie, la généalogie et les beaux-arts, favorise la révélation publique d’œuvres majeures, trop longtemps demeurées discrètes et qui méritent bien la lumière ; dont certaines inédites, parce que récemment acquises : panneaux décoratifs de François Boucher, tableau d’Hubert Robert… Comme il se déroule beaucoup de choses aussi dans le parc, on sait où passer l’été indien ! 
Photo : ©DR

Bis en attendant mieux !

Prévu fin mars, Chorus est le premier des grands festivals français à avoir dû faire le dos rond pendant la crise sanitaire. Impossible néanmoins de complètement renoncer à la 32e édition d’un événement consacré aux musiques actuelles particulièrement reconnu et qui, l’an passé, avait compté 74 concerts et réunis 13 000 personnes… L’automne sera donc l’heure d’un Chorus Bis, aux ambitions et dimensions évidemment sans commune mesure avec ce qui était prévu, mais qui, dans des jauges adaptées et donc très resserrées à La Seine Musicale, donne au public deux rendez-vous symboliques avec priorité à la jeunesse. Le 30 septembre, Chorus des enfants, et ses quatre créations à partager en famille : l’extravagante Tatie Jambon de Marianne James, l’onirique Echoes de Ladylike Lily, Little Rock Story et ses 65 ans de show, Pick’o’rama le « concert imagé de rock indé ». Le 1er octobre, la dixième édition du Prix Chorus, dont les six groupes émergents recevront chacun cette année un soutien en aides professionnelles. Chorus Bis, d’accord, mais en ligne de mire, les 33 tours de l’édition prochaine !
Photo : CD92/Julia Brechler

Les commentaires sont fermés.