Après sa participation au Prix Chorus l’an passé, le rappeur franco-camerounais sera présent à La Seine Musicale en mars, cette fois-ci à l’affiche du festival des Hauts-de-Seine.

Un prix Chorus en 2019 où il a remporté le Coup de cœur des collégiens, une résidence, des clips tournés sur place, un mini-concert lors de la présentation de la saison culturelle et bientôt à l’affiche du festival Chorus : ces deux dernières années, le parcours de Mikano a beaucoup croisé La Seine Musicale. « Le lieu est très beau mais ici, on est aussi très encadrés et on s’occupe très bien des artistes », explique le rappeur de vingt-cinq ans qui sort d’une première partie de la chanteuse caribéenne Calypso Rose à l’Olympia. Avant l’île Seguin, l’histoire de ce Franco-Camerounais s’est nourrie de plusieurs autres villes partout dans le monde, à commencer par Abou Dabi et Le Caire où l’artiste a passé une partie de son enfance avant de revenir à Paris à l’âge de dix-sept ans. « Le fait d’avoir grandi dans des pays où la langue, la culture ou la religion dominantes ne sont pas les tiennes a fait que j’étais obligé de m’adapter, d’écouter des musiques différentes. Cette enfance m’a ouvert l’esprit, m’a permis de prendre plus de recul. » De toutes ces expériences à l’étranger, Mikano a surtout gardé la volonté de toujours se renouveler, de repartir d’une feuille blanche à chaque fois. Alors qu’en 2017 son premier EP, No Devices Found, se voulait introspectif, Melting Balloons, qui paraît ce début d’année, sera plus festif et dansant. « Les paroles seront plus universelles, comme une playlist que l’on peut passer en soirée avec des potes. » En 2018, Blind Man Dreams évoquait, lui, la thématique des rêves des aveugles. « J’ai voulu faire quelque chose de basé sur les émotions, où l’on passe d’un son à l’autre avec des durées différentes, comme une longue ballade. C’est une sorte de grand rêve géant qui correspondait en plus assez bien avec l’année que je venais de passer.

Quand je fais de la musique, je ne suis pas buté sur un genre et chaque projet que je mène est différent du précédent.

Le « grand frère » Kanye West

À six ans, Mikano écoutait Snoop Dog dans sa chambre et du hip hop avec ses cousins. À treize, il commençait à écrire ses propres textes. Bilingue, il a préféré sans hésiter l’anglais au français pour composer. Puis sont arrivés Kanye West et Kid Cudi, deux de ses plus grandes influences ; des artistes devenus comme des « grands frères » de rap pour lui. « Ils évoquaient de manière humoristique des sujets et des valeurs qui me parlaient. Ils nous invitaient à ne pas faire les mêmes erreurs qu’eux. » Aujourd’hui, Mikano lorgne également du côté de Frank Ocean, dont il partage le goût pour la « succession de belles images. Avec lui, une seule musique peut représenter toute une période de ta vie et un ensemble de sentiments par lesquels tu peux passer ». Le rappeur a saupoudré le tout de références artistiques. Lui qui peut facilement revoir Pulp Fiction « une fois par mois » aime intégrer des petits détails dans ses morceaux comme des voix de femmes très cinématographiques, un bruit d’oiseau lors de ses concerts ou encore… un son des Beatles.

Priorité à l’esthétique

L’œuvre de Mikano est aussi teintée d’esthétisme puisque chaque live, chaque clip, est savamment travaillé en amont et les morceaux spécialement pensés pour leur version sur scène. « Je vois la performance de l’artiste au second plan, je me mets en retrait. Ce qui domine, c’est la lumière et l’image et moins la représentation du corps. Mes concerts sont très immersifs avec des passages très tamisés puis d’autres plus agressifs. » Derrière lui sur scène, au sens propre comme au figuré, son producteur SVTVS (prononcez Sutus) avec qui il ne semble faire qu’un. « Il est arrivé à transformer en images ce que j’ai dans la tête. Nous n’avons pas trop besoin de nous parler pour nous comprendre. » La carrière débutante de Mikano est faite ainsi de rencontres déterminantes et devenues amicales. Il y a tout d’abord Mathis, l’ami de toujours, « le premier à croire en moi », dit-il. Puis la chanteuse Eylia, qui l’a « inspiré, boosté, fait mettre en avant l’émotion dans [son] rap ». Il y a enfin Lhab puis Théo – son premier manager – du collectif Clear Waters. « Il m’a aidé à me rendre compte que je pouvais me mélanger avec d’autres artistes, m’a introduit dans ce milieu. » Si l’écriture reste un travail en solitaire, le rap est pour lui finalement aussi une histoire d’amitié. 

Mélanie Le Beller

Au festival Chorus des Hauts-de-Seine, du 25 au 29 mars.
Programme complet sur www.chorus.hauts-de-seine.fr

 

Les commentaires sont fermés.