Les projets ont été dévoilés lors d’une conférence de presse au Stade de France, à Saint-Denis. © CD92/Olivier Ravoire
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Solidarité interdépartementale place aux travaux pratiques

Les Départements franciliens ont dévoilé, au début du printemps, les projets financés par leur fonds de solidarité et d’investissement interdépartemental. Un outil unique en France.

c’est l’enceinte du Stade de France que les Départements franciliens ont choisie pour donner le coup d’envoi, le 21 mars dernier, des projets soutenus par leur fonds de solidarité interdépartementale (FS2i). Cent neuf pour cette première génération, par lesquels ils entendent, en tant que principal investisseur d’Île-de-France, lutter contre les inégalités et renforcer l’attractivité du territoire. Concrétiser cette initiative originale aura pris moins d’un an. « C’est la preuve que les Départements sont capables d’agir très rapidement pour mettre en place des projets communs », estime Marie-Christine Cavecchi présidente du Val-d’Oise, élue pour 2019 à la tête de l’établissement public auquel est adossé le fonds. 

Chacun jouant le jeu suivant ses capacités financières, Hauts-de-Seine et Yvelines apporteront pour cette première année d’exercice près de 60 % de l’enveloppe de 150 millions d’euros. « Au-delà de nos divergences, nos territoires sont profondément interdépendants, on ne peut pas se désolidariser de ce qui se passe chez le voisin, estime Patrick Devedjian. Les Départements connaissent leurs territoires mieux que n’importe qui et mieux que l’État ». Christian Favier, président du Val-de-Marne ne dit pas autre chose : « Je fais davantage confiance à mes collègues pour construire un outil de solidarité qu’à l’État. Si les Départements avaient disparu, on aurait ponctionné nos moyens pour d’autres utilisations, pas forcément au service des populations », lance-t-il, en référence au projet, enterré fin 2018, de supprimer l’échelon départemental en petite couronne. 

 

Au-delà de nos divergences, nos territoires sont profondément interdépendants, on ne peut pas se désolidariser de ce qui se passe chez le voisin

 

Accélérateur de projets

Les projets dévoilés s’inscrivent dans sept grands domaines répondant à des enjeux communs « en termes d’attractivité et de service public » : environnement, solidarité, éducation, patrimoine, rénovation urbaine, mobilités ou encore préparation des Jeux olympiques de 2024. Pour cette première année d’exercice, le fonds permettra tout d’abord « d’accélérer des projets départementaux qui étaient déjà dans les cartons » et qui correspondent à des compétences classiques des Départements, telles que la construction de collèges ou de routes. « Ces équipements étaient attendus depuis longtemps, précise  Patrick Septiers, président de la Seine-et-Marne, alors que nous accueillons chaque année 13 000 nouveaux habitants, l’État nous pousse à construire des infrastructures sans pour autant nous donner de moyens ». Par leur implantation ou leur portée, d’autres initiatives dépassent le cadre d’un seul Département. Le FS2i sera ainsi décisif pour la réalisation du Prisme à Bobigny, un équipement sportif « en accessibilité universelle », adapté à tous les handicaps (310 000 ⇔ pour 2019 sur un budget global de 36 M⇔). « Le fonds nous a permis d’engager dès 2019 les études pour ce projet dont la vocation est métropolitaine voire régionale, sans même attendre d’autres partenariats », souligne Stéphane Troussel (PS) pour la Seine-Saint-Denis. En matière de transports, le FS2i viendra soutenir le lancement des travaux d’extension du tramway T1 vers l’Est et Val-de-Fontenay (11,6 M⇔ en 2019 sur 450 M⇔ au total). Une liaison de banlieue à banlieue – Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne – d’autant plus précieuse que les lignes 15 est et ouest du métro du Grand Paris ne devraient pas voir le jour avant dix ans. Autre exemple, la plateforme interdépartementale 78-92 pour la prise en charge des troubles autistiques et psychiques prévue aux Mureaux d’ici à 2021. « Nous aurions pu la réaliser seuls avec les Hauts-de-Seine mais en faisant financer ce projet par le fonds (4,9 M⇔ sur 31 M⇔ au total Ndlr), nous espérons créer une dynamique, souligne Pierre Bédier, plutôt qu’avoir sept plateformes, ou une seule, énorme, pour toute l’Île-de-France, l’idée est d’en avoir par exemple seulement trois à l’avenir, ce qui amènera des économies sensibles pour un résultat identique », poursuit le président des Yvelines, pour qui les Départements sont en train d’inventer une pratique sans équivalent en France  : « la coopération interdépartementale ». Afin que celle-ci soit complète, ils appellent désormais Paris à les rejoindre.

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